Auteur d'une centaine de meurtres pour le compte des Gambino, l’une des cinq célèbre famille de la mafia new-yorkaise, Richard Kuklinski alias "The Iceman" (nom qui lui a été attribué par la police car, il laissait les corps dans un congélateur afin qu'il soit impossible de déterminer l'heure de la mort) est l'antagoniste de ce Biopic basé sur le livre The IceMan: Confessions of a Mafia Contract Killer. Arial Vromen, jeune réalisateur décide de nous conter l'histoire de ce tueur à gage à double facette du crime organisé.
Le réalisateur s'attarde évidemment sur les vingt années de Kuklinski à la solde de la mafia, mais aussi sur sa vie de famille. Ce qui est intéressant à observer est le fait que ce personnage est totalement différent dans ces deux vies opposées. Là ou il montre de l'attention et de la tendresse à sa femme et ses filles, il passe à de la brutalité et du détachement dans son activité. Une double vie qui n'est pas sans rappeler le personnage de Dexter dans la série éponyme, d’ailleurs tout comme Dexter Morgan, en plus de leurs doubles vies respectives, le personnage de The Iceman développe depuis son plus jeune âge des syndromes de psychopathie ce qui le rend aussi froid qu'un glaçon en toute circonstance même lorsqu'une arme chargée est pointée sur sa tête. Son activité criminelle lui permet donc de cibler ses victimes et d'assouvir ses besoins meurtriers afin de maintenir un certain équilibre.
Arial Vromen a accordé un soin tout particulier aux décors et aux tenues vestimentaires, nous permettant de nous situer dans les différentes temporalités du film avec aisance et aident à s'imprégner complètement de l'ambiance proposée.
Mais le gros point fort du film réside dans son casting, le cinéaste n'a pas hésité à s'entourer de grands noms pour servir son récit.
Michael Shannon en première ligne, utilise tout son charisme et ses qualités d'acting pour interpréter ce tueur implacable à double personnalité. Dans son cas, les costumes et son look ne sont pas simplement là pour marquer une époque, mais servant son jeu en mettant en avant sa taille et sa carrure pour donner cette impression de force physique (le vrai Richard Kuklinski mesurait 1 m 95 pour 135 Kg, Shannon lui mesure 1.m90). La performance qu'il réalise, porte à elle seule une grosse partie du film.
Winona Ryder, quant à elle, joue Déborah, la femme de Richard. Afin de préparer au mieux son rôle, l'actrice s'est uniquement concentrée sur la partie du scénario qui la concernait. Avec un marqueur, elle a rayé tous les éléments que cette femme ignorait ou prétendait ne pas voir pour établir un parallèle entre sa préparation et le déni dont faisait preuve son personnage dans la vie réelle.
Concernant les autres rôles secondaires et tertiaires, nous avons droit à la présence David Schwimmer, James Franco, Chris Evans qui joue très bien et arrive à apporter sa petite pierre à l'édifice au film en interprétant cet autre tueur à gages qu'est Robert Pronge. Et pour finir, Ray Liotta , cantonné une nouvelle fois à un énième rôle de chef de la pègre ( un choix discutable de la part de Vromen), bien qu'il tienne son rôle, sa performance n'apporte aucune nouveauté par rapport à ces précédents rôles du même genre et on a le sentiment qu'il est malgré tout sous-exploité.
Malgré ses qualités, le métrage n'est pas exempt de tout reproche, notamment dans sa narration et sa mise en scène à laquelle on peut lui reprocher un conformisme, un manque d'originalité et donne donc une impression de déjà vu. Mais le principal problème du film réside dans l'écriture de l'antagoniste qui reste très en surface. Comme dit ci-dessus le cinéaste met en avant les qualités physiques et sa froideur apparente, néanmoins en oublie sa psychologie ou en tout cas ne la traite que partiellement. Il y a une dichotomie comportementale qui aurait mérité un éclaircissement sur le fait que ce personnage change de facette.
Pour finir, The Iceman possède un rythme soutenu dans lequel on ne s'ennuie pas, la parfaite retranscription des années 60 à 80 et les acteurs nous aident à nous immerger dans l'histoire, cependant, il aurait mérité un meilleur traitement scénaristique à la hauteur de son personnage, qui là ne se contente d'être à l'image de celui-ci. La dualité dans sa façon d'agir et de se comporter est un élément qui aurait pu faire passer son statut de bon film à celui de très bon voir excellent.