Il faut être particulièrement attentif à ce qui se passe dans The Immigrant pour y voir autre chose que de la lourdeur, pour faire craquer aussi le vernis de piétà qui recouvre parfois le film, mais cet effort se trouve finalement récompensé : on découvre alors un autre film sous la parabole, un conte sans prince charmant où tout le monde fait pénitence, où la Grâce prend le visage d'une prostituée venue de Pologne, où le lyrisme s'exprime moins dans un confessionnal que dans la chambre d'Ewa, Quand à ceux qui reprochent à Gray son classicisme, il faudrait leur remettre sous les yeux, juste à titre de comparaison, tous les petits objets vides et postmodernes qu'ils défendent à longueur de semaine. Ces tristes objets inspirent à James Gray la réflexion suivante (2): "J'ai moi-même fait partie de ces jurys, dans les festivals. Et j'ai dû crever d'ennui devant certains "films d'art" clichés au dessus de tout. C'est aussi pour cela que je fais les films que je fais. Parce que j'ai conscience que le mouvement moderniste est en bout de course. Cuit. Complètement ringard."