Immoral Mr Teas ?!
Que nenni !!!

Adorable, sans aucun doute, sexuellement terriblement frustré, c'est le sujet même du film et bougrement obsédé, ceci expliquant cela et inversement.
Russ Meyer réalise avec ce supposé film "immoral" le portrait pop, décalé et tordant d'un pur fétichiste des croupes féminines galbées par de jolies jupes crayons et des poitrines généreuses offertes à sa vue dans des décolletés si pigeonnants qu'il semble près à faire "POP", justement.

Et il faut bien avouer que ce "nudie 50's" est un régal de couleurs, de grimaces, de jolies filles et de commentaires en voix off absolument tordant.
Avec le talent de metteur en scène qu'on lui connait et qui sera amplement confirmé par quelques films cul(tes) à venir, Russ Meyer peint le portrait d'une Amérique paradoxale, à la fois au comble de son puritanisme et de sa morale judéo-chrétienne bien pensante et culpabilisante et portant aux nues (le cas de le dire) des pin ups de magazines en gigantesques portraits sur les façades des cinémas.

L'Amérique qui donne à voir des Jane Mansfield (la Blonde et moi - 1956), des Marilyn Monroe (Bus Stop - 1956), des Jane Russell (les hommes préfèrent les blondes -1953) à gogo et qui reste corsetée au niveau social par la bigoterie ambiante, surveillée politiquement par le Maccarthysme et dont le cinéma est à peine libéré d'un Code Hays qui interdisait toute représentation de la sexualité à l'écran (jusqu'au ridicule) mais dont les verrous commencent à sauter dans ces années 50, justement par une évolution des mœurs qui rend plus difficile l'exercice de la censure.

Le sinistre Code Hays perdurera jusqu'aux années 60 mais la tolérance sera alors telle qu'il en deviendra caduc.

Et c'est bien le cœur même de cet hilarant film de "boules" moins naïf qu'il n'en a l'air mais franchement rigolard: Mr Teas est de toute évidence puceau, si l'on en croit son air ahuri de petit garçon dès qu'un décolleté est un poil trop plongeant, Mr Teas est visiblement terriblement frustré à voir comme il roule des yeux et se mord les lèvres quand une joli femme croise son chemin...
Et le pauvre Mr Teas est largement soumis à la tentation, les jeunes et jolies jeunes femmes ne cesse de se dénuder en sa présence, semblant ne pas faire cas de sa présence...

Pauvre Mr Teas ! D'autant qu'il manque cruellement de chance, même avec les filles de joies qui ne le racolent que pour lui offrir... un peu de repassage lol

Et comme la société le condamne et le désigne comme un vil pêcheur, un infâme obsédé sexuel, Mr Teas n'a plus d'autres ressource que de tenter une thérapie...

Mais comment s'en sortir quand même sa psy est une femme, jeune, jolie et gironde ?

Mr Teas est désespéré et se noie dans ses fantasmes coupable.

A moins que...

Le film de Russ Meyer est muet mais accompagné tout du long par quelques accords de guitare (Ahhh la guitare ! lol) et d'accordéon et par une omniprésente voix off qui commente TOUT ce que fait et voit Mr Teas, par l'absurde.

Un groupe de naïades se baignent nues sous les yeux ébahis de Mr Teas et voila que la voix off nous fait un cours sur la composition chimique de l'eau, l'invention du bateau ou lorsque Mr Teas sort sa canne à pèche, elle nous vante les mérites thérapeutiques de la relaxation, de la solitude et de l'activité sportive pour lutter contre ses démons, alors que Mr Teas s'endort, la gaule entre les jambes, rêvant de sa psy exerçant son métier uniquement vêtue de ses lunettes et d'une paire de talons hauts pendant qu'il lui fait part du mal qui l'habite.

Cette petite chronique de mœurs vitriole avec autant de second degré et d'ironie que de candeur (étrange et joyeux mélange) l'hypocrisie de ses contemporains et de son époque et régale le spectateur d'images pétillantes, naïves, colorées, de jeunes femmes plus ou moins dénudées et toujours délicieuses, de blondes platines au lèvres fambroises en brunettes aux seins en poire...

Et inutile d'y accoler les notions de sexisme, de phallocratie, de vice et encore moins de pornographie: cette peinture d'une sexualité joyeuse, naturelle et naturiste est à la fois très désuète et charmante, tout autant qu'elle est réjouissante, quels que soient votre genre, vos fantasmes et vos orientations sexuelles, le film n'a que peu de velléités masturbatoires - même pour l'époque - et préfère mille fois nous divertir, nous amuser et parfois même nous épater de tant de charme et de pétulance !

En ce qui me concerne, je n'ai pas cessé de sourire et de rire durant la petite heure qu'il dure, et vraiment, bien que peu porté par nature sur la plastique féminine, je me suis vraiment régalé de bout en bout de tant d'esprit, de double sens, de métaphores hilarantes et de charme vintage.
Foxart
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le 13 août 2014

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