L'Amérique interlope et paumée
L'Amérique interlope et paumée. La tragédie chez les bouseux.
Un beau film de trognes et de secondes gueules (cassées), un pathos toujours sur le fil qui ne sombre jamais dans l'excès. Les acteurs sont très bons, surtout David Morse, qui se débat bien avec son rôle christique ambigu. Un homme qui veut à tout prix le bien de ses prochains, envers et contre eux, ne se trompe-t-il pas ?
Les silences sont très importants, et rendent honneur à l'image : celui du père, celui de l'impuissance du frère, de la tendresse de son épouse.
Sean Penn, en apprenti cinéaste, tente parfois d'en mettre plein la vue. Y parvient lorsqu'il joue sur l'épure et le mouvement brut (la belle séquence d'ouverture, la scène où Viggo crache ses petits pois sur sa compagne), se révèle un peu plus maladroit lorsqu'il recourt au ralenti. Mais ce film se pose tout de même, et c'est sa force, à l'aune de son sujet : modeste.