Hôtel Des Derniers Soupirs

Avec The Innkeepers, le réalisateur Ti West retrouve deux ans après The House of The devil des univers qu'il semble particulièrement appréciés à savoir les immenses bâtisses hantées et l'esprit fantastique feutré.

The Innkeepers raconte l'histoire des deux derniers employés d'un immense hôtel voué à la fermeture et qui pour tromper l'ennui cherchent à rentrer en contact avec l'esprit d'une jeune femme qui se serait pendue des années auparavant dans une des chambres de létablissement.

Tout comme House Of The Devil, The Innkeepers est un très bon film d'ambiance mais cette fois ci Ti West ne nous entraîne pas du coté de l'angoisse pur et dur mais aussi de la comédie fantastique et même de la romance, un petit peu dans l'esprit d'un univers fantastique presque familiale. The Innkeepers pourra d'ailleurs dans un premier temps sembler très déconcertant pour celles et ceux qui espéraient un film d'horreur pur jus jouant sur l'angoisse, l'horreur et l'effet choc. Une nouvelle fois Ti West prend son temps, installe son décor et ses protagonistes et semble même bien plus se préoccuper des relations entre ses deux personnages principaux que des phénomènes paranormaux eux mêmes. Les deux personnages sont d'ailleurs immédiatement très attachants et touchants avec d'un coté Claire interprétée par Sara Paxton (bien mieux utilisée ici que dans le très con Shark 3D) et de l'autre Luke interprété par Pat Healey (Compliance). A la fois amis, collègues et souvent joueurs dans leurs relations le duo de personnages légèrement geeks sur les bords fonctionne parfaitement à l'écran sur un registre de complicité qui glisse doucement vers l'affection lors d'une très jolie scène de non déclaration amoureuse touchante et délicatement écrite.

Quand à l'élément purement fantastique du film; Ti West prend visiblement un malin plaisir à jouer avec lui durant les trois quart du film pour en faire un sujet de plaisanterie presque léger pour finalement mieux nous cueillir lors d'un dernier acte versant réellement vers l'horreur. En attendant le film semble un peu se moquer des traqueurs de fantômes, des faux médiums, des sites internet exploitant le pseudo paranormal de façon mercantile et des fausses vidéos d'esprits type found footage qui pullulent sur le net. Claire et Luke s'amusent donc les trois quart du temps à se faire peur, ils traquent les esprits bourrés à la bière et s'amusent à raconter des histoires de fantômes à des gosses effrayés. Il faudra donc attendre le dernier acte pour que l'angoisse s'installe vraiment et que l'horreur rattrape enfin les personnages lors de séquences très classiques mais monstrueusement efficace comme la séance de prise de contact avec l'esprit dans la cave de l'immeuble jouant avec délectation sur les zones d'ombres du hors champs.

On pourra bien sûr reprocher à The Innkeepers d'être bien trop lent, trop bavard, de ne jamais expliciter son épilogue et de ne pas être assez effrayant; mais avec ses personnages attachants, son histoire solide, sa mise en scène posée et classique, son scénario malin, son final sous tension ,son humour et sa tendresse le film de Ti West propose déjà dix fois plus qu'une grosse majorité des productions horrifiques récentes.