Vous vous êtes toujours demandé ce que serait Clerks façon film d’épouvante ? The Innkeepers est là pour vous. En gros on suit un duo, Claire (Sara Paxton), l’employée relativement responsable, et Luke (Pat Healy), l’exemple type de cancre qui encaisse son salaire tout en n’en foutant pas une. Pas de bol pour eux, ils sont au Yankee Pedlar Inn, un hôtel visiblement maudit, mais ils comptent bien faire le buzz en fournissant des preuves d’une présence.
Très souvent drôle, The Innkeepers ne cherche pas réellement à faire peur, tout du moins en ne suivant pas les codes habituels, le faisant d’autant plus ressembler à Clerks, celui-ci n’ayant ni vraiment de début ni vraiment de fin, et ayant du mal à caser, tant il se met en marge de la concurrence. Point primordial et assez rare, le scénariste et réalisateur Ti West développe autant que possible ses personnages, nous les présentant sous différentes facettes, que ça soit lorsqu’ils interagissent entre eux ou lorsque l’un d’eux se retrouve seul. Un bon moyen de découvrir, de façon subtile, lequel des deux sera le « leader » de l’histoire. Un véritable combat d’acteurs, Sara Paxton et Pat Healy brillant de mille feux au-travers des personnages qu’ils donnent vie, passionnant le spectateur, qui par moment en oublierait presque qu’il a affaire à un film d’épouvante, un bon moyen de mieux détendre l’audience pour la prendre par surprise avec quelques jumpscares bien trouvés.
The Innkeepers n’est pas non plus parfait. De par son côté atypique il est assez difficile à appréhender par le spectateur, trop souvent habitué à un genre qui suit un schéma sans tenter de s’en mettre en marge. L’ombre du cinéma d’auteur va même jusqu’à planer constamment sur la bobine, qui aura vite fait de perdre une partie du public en cours de route. Pour faire simple, si l’on n’adhère pas dès le début, The Innkeepers est chiant. C’est dommage, mais c’est le risque lorsque l’on décide de faire les choses autrement. D’un autre côté il faudra reconnaitre qu’il y a certains ratés, notamment au niveau des effets spéciaux qui peinent à convaincre et réduisent l’impact des jumpscares (même le final pêche un peu, alors qu’on l’aura quand même attendu longtemps). Un point regrettable car pour le reste, photo, mise en scène et montage, le tout est plus qu’honnête.
Pourtant si proche de la perfection, The Innkeepers se prend par moment à son propre piège et peine à se montrer convainquant en terme d’épouvante, tout en étant un excellent film. Une vraie curiosité.
A noter également que l’on retrouvera le duo Paxton/Healy dans Cheap Thrills, qui sortira en France le 5 octobre 2013.