L'intrus possessif

Mais qu'arrive t-il à Inés ? Depuis la mort de son fiancé, ses nuits sont des cauchemars et elle a du mal distinguer la réalité de l'imaginaire. Étrange film que El Profugo, adapté par Natalia Meta d'un classique de la littérature d'horreur argentine. L'ambiance oscille entre celle de Berberian Sound Studio, pour les scènes de doublages assurés par le personnage principal, et La fantôme de l'opéra, pour les séquences dans une grande salle de spectacle, avec une musique d'orgue et une chorale. El Profugo joue autant sur les phénomènes auditifs que visuels avec une question familière dans nombre de films fantastiques : l'héroïne a t-elle perdu la raison ou un intrus est-il en train de prendre possession de son corps ? Tout ceci est d'autant plus troublant que le film possède aussi une bonne dose d'humour et que son sous-texte est symboliquement féministe. Rien à dire, l’exécution est maîtrisée mais il manque malgré tout des clés pour parvenir à un minimum de compréhension. Mais même sans cela, il reste l'interprétation époustouflante de la très grande actrice argentine Erica Rivas (Les nouveaux sauvages, Un homme charmant, El presidente). El Profugo a été choisi pour représenter l'Argentine à l'Oscar du meilleur film international.