C'est peut-être un peu bateau à dire, mais The Irishman sonne comme un film testament d'un réalisateur jetant un regard en arrière sur sa carrière. Alors forcément comme beaucoup de vieux, Monsieur Scorsese radote peut-être un peu, mais d'aucuns diront (dont je fais partie) aussi que l'obsession pour un sujet ou un thème répété à travers des tas de variations est le signe des grands. The Irishman est donc un bon film sans aucun doute.
La fin du film est touchante et renvoie à une arlésienne du cinéma de Scorsese: au delà de l'aspect de prime abord fascinant et séducteur de ce style de vie, il ne mêne qu'à une forme d'avilissement moral, mental, et social ainsi qu'à une solitude extrême.
Al Pacino, De Niro et Joe Pesci sont impériaux bien entendu.
Scorsese touche toujours autant sa bille comme metteur en scène.
La reconstitution de ces années 50-60-70 est superbe.
Du coté des points noirs, le film est clairement trop long (3h29) et aurait gagné à ce qu'on taille un peu dans le gras en retirant 20-30 minutes du métrage. Alors attention, je ne dis pas qu'on s'y ennuie, mais il me semble qu'un peu plus de concision n'aurait pas déservi le film.
Les effets de rajeunissement sont assez dérangeants au départ et puis on s'habitue à cette uncanny valley permanente vis à vis de De Niro (qu'on connait trop bien à chaque étape de sa vie pour que ça marche parfaitement... Surtout quand Joe Pesci l'appelle Kid).
Donc The Irishman est un bon film qui s'inscrit dans la trajectoire et la filmographie de Scorsese, même si je ne le met pas tout en haut de la liste. C'est peut-être parce que je suis un peu trop exigeant vis à vis de son cinéma car je m'attends toujours à sortir d'un de ses films avec un enthousiasme débordant. Ce ne fut pas tout à fait le cas ici, mais la faute en est également peut-être au coté crépusculaire et mélancolique assumé de cet Irishman.