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Les gangsters est le sujet qu'affectionne Scorsese, c'est même son sujet de prédilection. Depuis toutes ces années passées derrière une caméra, le réalisateur a eu le temps de savoir comment construire ses films sur la Mafia. La recette qu'il a élaborée il connaît sur le bout des doigts, il en maîtrise tellement bien tous les ingrédients qu'il peut la réaliser les yeux fermés. Cependant le réalisateur oublie une chose essentielle, c'est que le spectateur lui aussi en connaît l’ensemble des gouts et les saveurs qui la composent. On est clairement en terrain connu avec ce The Irishman, si le tout n'est pas mauvais, Scorsese ne crée pas la surprise. Il préfère se contenter de faire ce qu'il sait faire, sans chercher à apporter un peu de nouveauté. Non, il a une recette et celle-ci ayant fait ses preuves il s'y tient et l'a sui à la lettre. Retrouver un gout connu provoque une certaine affection, voir une certaine nostalgie de renouer avec le savoir-faire si particulier d'un réalisateur. Surtout quand il nous a donnéer l'excellence de son style précédemment. Seulement si on voit bien que tout reste dans le même état d'esprit. Il manque l’élément principal qui ferait prendre tout ça. The Irishman à coté de ses autres productions paraît falot. Pourtant tout est là, mais l’éclat n'est plus le même.


Le sentiment de voir quelque chose que le réalisateur a déjà mis en boîte mais en moins bien, est la chose qui ressort de ce film quand on en regarde la première heure quarante, car après la sauce finie enfin par prendre. Quand les personnages vieillissent tout s'arrange. L'échange autour de la table entre Al pacino et le mafieux italien est un régale d'absurdité. Le personnage de Jimmy apporte une touche de véritable drôlerie. Il est têtu comme pas possible et ne recule devant aucune menace, d'ailleurs plus il est menacé plus il défie ceux qui l'ont dans le collimateur. Le scénario et les dialogues sont bons, et on sent que Netflix n'a pas lésiné sur les moyens. Scorsese a les mains libres, il ne fait rien au rabais, même si certaines scènes sont filmées sur un fond vert qui se voit.


Avant on ne pouvait que vieillir les acteurs, maintenant la technologie permet de les rajeunir. Grâce à cette innovation Scorsese retrouve ses acteurs fétiches que sont De Niro et Joe Pesci, il leur donne des rôles pour lesquels ils ont largement dépassé l'âge. Al Pacino a eu droit lui aussi à ce lifting numérique. Si les visages font plus jeunes, on voit tout même qu'ils ne sont pas naturels. Alors dans l’ensemble c'est bien fait, mais ça n'est pas parfait. Les mouvements du visage sont parfois étranges. Mais là où ça pose carrément plus de problèmes c'est dans les mouvements corporels. Si les ordinateurs arrivent à faire rajeunir le visage des acteurs, ils sont incapables de changer leur âge. Et les déplacements des acteurs eux ne trompent pas, ce sont ceux de vieilles personnes. De Niro a la démarche du vieux qu'il est. Quand il va frapper le commerçant dans la rue, l'illusion ne trompe pas. Il donne des coups sans l'énergie du gars de 50 ans qu'il est censé incarner, ses mouvements sont ceux d'un vieux qui n'a plus autant d'assurance face à l’équilibre. Ces choses l'ordinateur ne peut pas les arranger, dans ces instants le leurre ne prend pas. L'acteur ne reflète plus le personnage, mais est bien le vieillard qu'il est. Les décors sont aussi faits en numérique par instants comme lorsque tout monde va sur le toit assister à la levée du drapeau Américain. Le fond est très mal incrusté.


La réalisation de Scorsese est comme toujours impeccable, c'est esthétique, et il n'y a pas la moindre faute de gout dans les plans qui sont recherchés et visuels. Les personnages ont toujours des pointes d'humour, tout comme ils sont également de vilaines crapules. Le paysage qu'offre à voir Scorsese n'est pas beau, puisqu'il montre que les sommets du pouvoir sont aux mains de la mafia, les deux ne fonctionnent pas l'un sans l'autre. Ces gars sont au courant de tout, ils sont de mèche avec les milieux politiques. Le film est tiré des confessions qu'a faite Frank Sheeran avant sa mort. L'histoire qu'il raconte n'est pas si lointaine, elle est même très récente.

Heurt

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