Vu en avant-première à Lyon ce 15 octobre à l'auditorium lors du festival Lumière 2019.
The Irishman est un film attendu, tout d'abord parce qu'il réunit de nouveau la "sainte trinité" Scorsese/DeNiro/Pesci et qu'il présente la première collaboration entre le parrain Al Pacino et Martin.
Le film est dense, monstrueusement dense. Eclairage magnifique, jeu d'acteur sublime (même avec la technologie), réalisation plus sobre, plus épurée, on ne voit pas le temps passer et très vite on est subjugué par l'incroyable fluidité du montage qui fait le lien entre les différentes époques.
Robert de Niro est sublime surtout dans la dernière partie du film.
Al Pacino est flamboyant et jouissif.
Joe Pesci est d'une froideur stupéfiante.
(Oscar pour les 3 désolé Joaquim)
The Irishman n'est pas la suite des affranchis et c'est tant mieux. Certes la première partie est très inspirée du chef d'oeuvre de 90 et de l'autre chef d'oeuvre de 95 (Casino) mais c'est différent, plus triste, plus froid, plus mélancolique, plus mature. Tuer est moins fun. La mort rode partout, elle est froide et nous surprend.
The Irishman est un savant mélange entre les Affranchis, Silence du même auteur, Once Upon a time in america de Leone et surtout la trilogie du Parrain de Francis Ford Coppola où les clins d'oeil sont très évidents (notamment à un moment dans la bande sonore ainsi qu'une petite partie en Italien et peut-être à un moment dans le film je ne peux pas dire quand pour pas trop spoiler).
La technologie Deaging était ma vraie crainte. Elle est excellente dans 90% du film mais jamais dérangeante. Parfois sur De Niro, on remarque un peu à de rares occasions mais cela ne nous sort jamais du film. Sur Al Pacino et Pesci c'est très bien.
Je met 9, aucun film n'est parfait (parfait dans une conception subjective évidemment :) ) même 2001 de Kubrick ou Vertigo de Hitchcock ont des défauts. Le film aurait peut être gagné à aller plus vite dans une ou deux scènes maximum. C'est une critique qu'on peut donner à presque tous les Scorsese, en fait au deuxième visionnage on en redemandera encore plus ;)
La dernière partie du film traite du vrai sujet du film, elle est bouleversante de sincérité et de sobriété. Les histoires passent, les légendes sont peu à peu oubliées. L'histoire est un éternel recommencement. Un jour Al Pacino, Martin Scorsese, Robert de Niro ou Joe Pesci seront peut-être oubliés. Le temps passe, notre vie est-elle absurde ?
Tel un groupe de Jazz qui a déjà tout montré et qui revient à l'essentiel avec un power trio (bass, batterie, guitare), Scorsese simplifie et vient à l'essence de son film. Il ne se redit pas. Il nous livre dans une vision crépusculaire sa vérité sur le temps qui passe et l'absurdité potentielle de cette vie.
Oui il arrive peut-être à une conclusion que son pote, un certain Francis F.C avait déjà eu quelques années plus tôt, mais le cheminement est différent, plus ludique en apparence, mais plus mélancolique encore.
Le résultat : c'est un chef d'oeuvre.
Merci à Netflix d'avoir financé un film de 3h30 avec un gros budget.