Après une tournée en festivals lui ayant valu nombre de retours enthousiastes, The Jane Doe Identity arrive enfin dans nos salles. L’occasion d’aller vérifier si ce petit film d’horreur est à la hauteur de sa réputation.


Home Sweet Hole


Suite au succès de son Troll Hunter, André Øvredal s’est vu inévitablement proposer une myriade de projets à base de gros monstres et de found footage. Mais le réalisateur norvégien avait autre chose en tête : faire un film d’horreur en huis clos, minimaliste et viscéral. Ainsi donc est né The Jane Doe Identity (The Autopsy of Jane Doe en VO, allez comprendre…), qui nous raconte l’histoire d’un père et de son fils, gérants de l’entreprise familiale de médecine légale. Un soir, alors qu’une tempête approche, le shérif local leur amène en urgence un cadavre de jeune femme, dont la beauté immaculée dissimule en fait un mal étrange. En ouvrant le corps de cette Jane Doe, ils libèrent de lourd secrets et il ne faudra pas longtemps avant qu’une présence maléfique ne rôde dans les couloirs.


Si l’on ne remet aucunement en question la passion et la sincérité d’André Øvredal, il est malheureusement triste de constater que la hype festivalesque incompréhensible a une fois de plus frappé. Le début du film est pourtant prometteur… En usant de couleurs froides, d’une musique discrète et d’une mise en scène habile, le cinéaste parvient à distiller une ambiance glauque à souhait et à intriguer le spectateur. Paradoxalement, le cadre morbide de la morgue, s’il ne cesse jamais d’être oppressant, est presque rendu chaleureux par des personnages dont on sent l’amour pour leur métier. Car c’est un fait : charcuter du cadavre, c’est une histoire de famille et ce crématorium, on s’y sent un peu comme à la maison. Puis, le pitch de départ est tout de même assez excellent, avec son côté minimaliste et paranoïaque qui lui donne des airs d’épisode de La Quatrième Dimension. Mais, très vite, tout se complique…


Trauma ancestral


Passé ce premier tiers, le film n’aura malheureusement de cesse d’user de mécaniques horrifiques éculées (jump scares putassiers et autres grincements de portes) et de multiplier les réactions incohérentes de la part des personnages. Car les très bons Brian Cox et Emile Hirsch ne sont pas vraiment aidés par un script qui manque cruellement de finesse. Nombreuses sont les fois où l’envie nous prend de casser le quatrième mur histoire d’aller secouer un peu ces protagonistes à la ramasse. Par son manque de subtilité, André Øvredal aspire toute la substance subversive de son film pour ne laisser au final qu’un objet cassé. Certes, l’idée de glisser progressivement d’une horreur gore et viscérale à un fantastique plus mystique est excellente mais la maîtrise manque et le récit sous tension habilement installé se transforme vite en une soupe narrative indigeste.


Concernant la belle Jane Doe (Olwen Catherine Kelly, magnifiquement immobile), le réalisateur arrive a faire naître chez le spectateur une fascination morbide pour ce corps sans vie mais animé d’une force obscure. La terrifiante perfection de cette chair livide attire l’œil à chaque instant et notre obsession pour ses mystères grandit en même temps que celle des personnages. Du moins pendant un temps, puisque l’on comprend assez vite où tout cela va nous mener, même si le film s’obstine à vouloir faire durer un suspense depuis longtemps anéanti à coups de scories agaçants.


Parfois ingénieux, souvent maladroit et poussif, The Jane Doe Identity ne convainc véritablement que dans sa première partie. Le film regorge de belles idées mais la finesse d’écriture n’est malheureusement pas au rendez-vous. André Øvredal tombe vite dans les clichés du genre et n’embrasse jamais vraiment le potentiel d’une idée de base pourtant excitante. La prochaine fois, il faudra veiller à mieux aiguiser ses scalpels.


critique originale : https://www.watchingthescream.com/its-whats-inside-that-counts-critique-de-the-jane-doe-identity/

Créée

le 15 mai 2017

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Aurélien Z

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