Fear of the...

Voilà une de mes plus grosses attentes pour le Festival de Gérardmer 2017, et franchement, je ne suis pas déçu du voyage. Car même si on peut assez justement reprocher à André Øvredal (voilà, j’ai placé son nom dans le texte, héhé) d’abuser en début de film de Jump Scares franchement putassiers, le reste du film n’a rien à voir.

En termes de structure, ceux qui ont découvert le réalisateur avec Troll Hunter risquent d’être surpris dans le bon sens du terme. Troll Hunter souffrait à mon sens d’une deuxième partie beaucoup moins haletante et assez stéréotypée, contrastant nettement avec la qualité précédente. Ici on sent une structure plus classique dans la scénarisation, avec trois actes bien distincts et un twist final bien trouvé.
Mais le plus important tient surtout dans la réalisation très fluide et surtout dans l’efficacité de la mise sous pression des personnages. L’angoisse monte progressivement et ne vous lâche plus jusqu’à la fin du film. Le choix d’utiliser des effets spéciaux discrets, plus suggestifs que portés sur la démonstration est un choix assez judicieux dans ce cas, tout à fait en accord avec la tonalité du film.
Ces procédés, qui ne font pas l’unanimité, c’est un fait ; ont pourtant le net avantage d’éviter la faute de goût ou pire, le ridicule, tout en permettant au spectateur de se faire monter la sauce tout seul comme un grand. Cette démarche prend enfin tout son sens si on note qu’Øvredal prend un malin plaisir à utiliser des focales assez courtes dans les scènes à portée anxiogène et à jouer sur les actions en arrière-plan ou avec les zones sombres. Si possible dans les coins. (Le sagouin)
Et puis le réalisateur en impose enfin par sa maîtrise de l’espace. Dès le départ, il introduit parfaitement le moindre couloir de son terrain de jeu, indiquant par exemple au spectateur les deux seuls moyens de sortir et par la même occasion les bases de la tension à venir.
Car tension il y aura. Bien dense et progressive.
Dernier point: J’ai adoré voir revenir les fusils de Tchekhov aux moments où je m’y attendais le moins.
Même si j’en ai deviné quelques-uns, ça ne m’a pas gâché le plaisir pour autant, car l'enquête en elle-même est assez originale: tout tourne autour de l'autopsie... Que pourrait-il arriver de pire avec un cadavre ?

Mon immersion dans l’histoire, pour conclure, était excellente de bout en bout.
Si j’ai trouvé les apparitions flippantes à souhait, j’ai tout autant apprécié la scénarisation, jonglant entre sorcellerie et histoire de fantômes avec habilité et fluidité.
Je ne peux donc que vous conseiller cet excellent film de genre, qui n’augure que du bon pour ce réalisateur, et qui a par ailleurs récolté le prix du Jury Jeunes du Festival de Gérardmer 2017.