Une adaptation un peu (trop) sage d'un livre vénéneux

Kagi, même si l’oeuvre de Tanizaki a fait l’objet de plusieurs films : L’étrange obsession (1959) de Kon Ichikawa, La Chiave (1983) de Tino Brass, Kagi (1997) de Toshiharu Ikeda, elle reste avant tout une oeuvre littéraire pour Kumashiro. Il s’écarte peu du roman et le respecte « à la lettre » dans toute la complexité des personnages. Il nous montre le suicide « sexuel » d’un universitaire par amour et par l’obsession du plaisir au prix de douleurs et de jalousie. Il met aussi en exergue une femme Ikuko qui en exprimant sa sexualité s’éloigne des carcans des traditions japonaises. Leur fille Toshiko et le futur gendre Kimura prouvent qu’aimer est bien compliqué. Le quatuor évolue dans un huis clos, parfois sombre et oppressant, parfois lumineux comme dans la scène où les amants infidèles découvrent leur corps. Comme dans le roman, l’inexorabilité de la fin tragique est portée par les personnages. Notamment par montage. Kumashiro prouve encore ici avec peu de moyens, ses qualités de réalisateur et de scénariste réussissant un film littéraire et charnel. Les 4 personnages sont impeccablement interprétés : Hideo Kanze (le mari), Kenzô Kawarasaki (Kimura, l’amant), Tokuko Watanabe (Toshiko, la fille) et surtout Yuki Aresa (Ikuko). Cette actrice plus habituée aux seconds rôles (l’extase des Anges, elle s’appelait Sorpion, Nagasaki Women’s Prison…) a trouvé un rôle à sa mesure où par un sourire, elle peut soulever des tonnes d’ambiguïtés.
Kagi se révèle donc un vrai plaisir de cinéphile, un pinku (un peu trop) sage et vénéneux au format un peu long (1h30mn)

TeryA
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le 23 juin 2021

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