Ça fait des années que Fincher a abandonné l'idée de faire des bons films.
Lui ce qui l'intéresse c'est de tester des nouveaux gadgets et de placer sa caméra dans des angles précis... Ce qu'il raconte ne l'intéresse plus. D'ailleurs il ne s'en cache pas : dans son The Killer, au bout d'une vingtaine de minutes d'une logorrhée interminable, Michael Fassbender déclare au spectateur : "I don't give a fuck."
On nous invite donc à suivre les pérégrinations d'un tueur implacable, complètement débile, imbu de lui-même et terriblement amoral. Ni David ni Michael ne lèveront le petit doigt pour nous donner envie de le suivre... mais bon, tel est le film, on est obligé. ( Enfin, non, on n'est pas vraiment obligé, on peut tout a fait cliquer sur le petit pouce en bas de Netflix, et regarder un bon film, genre The Killer de John Woo )
Du reste, je me suis surpris à me dire que si cet incipit n'avait pas été encombré de cette insupportable diarrhée verbale, c'eût été plus interessant. On aurait vu ce tueur de l'extérieur, on n'aurait pas eu loisir de le trouver minable et d'une vanité à faire pâlir Alain Delon de jalousie.
D'ailleurs, le segment suivant du film propose un peu ça. Michael ferme sa gueule et on le suit... C'est pas génial, mais ça marche déjà mieux. Après on se rend compte que ce crétin des îles a pour planque une grande maison complètement vulnérable à une attaque de gens qui viennent tout simplement en taxi !
Passé cet éclat de rire, Michael va jouer les Philip Marlowe en herbe et trouver l'identité et l'adresse du chauffeur de taxi. Mais il ne va pas chez lui... il attend le lendemain que le type pointe à son poste pour lui tirer les vers du nez avant de lui tirer une balle dans la tête.
Passé ce délai le film m'a complètement perdu, j'ai obéi tout du long au mantra du tueur : "I don't give a fuck", et le voilà qui arpente le globe à la recherche de ses prochaines victimes. À chaque rencontre il passe à nouveau pour un gros débile, mais ressort triomphant.
En prime, le film n'a même pas le mérite d'être drôle tout du long, il est juste pénible, vain et d'une stupidité de tous les instants.
Le seul gag valable, c'est le coup du chien qui sort de la maison en passant à travers une vitre, tel un héros hollywoodien ! Là, j'avoue j'ai bien ri.
Si seulement la science du découpage de David venait magnifier l'absolue nullité de son scénario... mais même pas. Passé quelques trouvailles dans ces fameuses vingt premières minutes, le film est d'un quelconque assommant.
Apparemment la scène de bagarre au milieu a ravi les fans, mais de mon point de vue elle n'intervient QUE parce que le tueur éponyme est un gros débile, et perdure uniquement parce que son agresseur décide miraculeusement de ne pas l'achever quand il a clairement le dessus. Plusieurs fois.
C'est du travail de philistin et de jean-foutre. Si vous en voulez des bagarres originales et interessantes, tournez-vous vers The Divine Move 2.
Et au bout de sa quête, Michael décide de ne pas tuer le commanditaire. Lui qui a sommairement exécuté une secrétaire et un chauffeur de taxi pour ne pas laisser de traces, décide de faire confiance au seul type qui pourrait lui causer des ennuis. Bravo l'artiste.
Alors on a un happy-end de rigueur, absolument pas mérité, sur une plage. Voilà deux heures de ma vie que je ne récupérerai jamais.
Pour laver l'affront j'ai précommandé The Killer de John Woo, qui ressort restauré en bluray allemand en Décembre.