Michael Mann en son temps avait tenté avec Collateral de comprendre ce qui sépare l'homme commun du tueur. Dans la ville, dans la multitude, sans dieu ni maitre, sans bien ni mal, sans kairos ni destinée, le tueur gagne juste sa vie. Il bosse.
Fincher reprend le concept pour en livrer une version plus noire encore, l'homme commun incarné par Jamie Foxx a disparu, est advenue l'ère de l'homme seul. Le tueur n'a pas conscience de son environnement. Il n'écoute pas ce qu'on lui dit, il ne répond même pas, le seul dialogue logique est interne et asséné comme un mantra toxique. Le tueur est seul, les cibles sont seules, nous sommes tous seuls et il nous faut désormais choisir notre camp.
Sur le format Fincher est comme son tueur, professionnel et méthodique. Trop peut être. Budget, scope, timing, nombre de mots, rien ne doit dépasser. On ne peut s'empêcher d'imaginer ce qu'aurait pu faire Fincher de ce film avec le souffle et l'arrogance de sa trentaine.