De prime abord, Kongens Nei est plutôt cool. Esthétiquement c'est réussi, les acteurs sont plutôt bons, et y'a toute une exploration de la relation entre la famille royale, le gouvernement et le peuple qui est toujours intéressante vue de l'étranger.
Le seul pépin, c'est le scenario. Pas qu'il est mauvais en soi, mais qu'il repose entièrement sur des enjeux qui au final ne sont pas si importants. J'explique : Kongens Nei prend place lors de l'invasion nazie de la Norvège en 1940. Une mobilisation peu efficace confrontée à une force supérieure mène très rapidement à la chute du pays, suivie de la division du gouvernement entre une faction légitime qui s'exile à Londres et une faction qui se transforme en état fantoche à la botte de l'Allemagne (mmmmh, où a t-on déjà vu ce scénario ?). Plus précisément, le film montre de l'invasion jusqu'au (spoiler, mais non seulement c'est un fait historique, et en plus c'est le titre du film) refus du roi d'approuver le gouvernement "d'unité nationale" du traître Quisling (leur Pétain à eux).
Cette dernière partie représente les deux tiers du film. Les Nazis chassent le roi, le roi refuse d'approuver l'invasion, un diplomate allemand essaye d'obtenir un accord avant que le roi soit capturé où fuie le pays. Le film parvient à créer toute une tension sur cette partie... mais au final, pourquoi ? Énormément d'efforts sont dépensés par les Allemands pour capturer et/ou convaincre le roi de donner son aval (comme ils l'ont fait au Danemark), alors que après environ 30 minutes de film, les carottes sont cuites pour la Norvège et les Allemands ont clairement gagné. Oui, avoir le roi qui donne son sésame à Quisling serait un bonus sympa, mais au stade où on en est, ça change pas grand chose : avec ou sans ça, les Nazis ont gagné (bon, on notera quand même que historiquement le mouvement de resistance norvégien était nettement plus actif et efficace que son homologue danois, donc c'est pas non plus totalement inutile).
Au final, tout comme le rôle du roi en Norvège, son oui ou non est essentiellement une affaire symbolique et émotionnelle. Et à ce niveau, c'est réussi. Mais l'aspect général du film donne un goût de "the stakes have never been higher", alors qu'en réalité ce n'est pas du tout le cas.