Trop de complots stériles mais des combats de malade et un final hystérique de fou furieux.

***Ce paragraphe est inutile*** Le 4ème prince Ching (Lau Wing) vise le pouvoir et va convaincre une modeste famille de combattants Han de l'aider à falsifier le décret de succession ultra secret de l'empereur (Ching Miao), en promettant l'abolition des inégalités entre les Ching et les Han une fois arrivé à ses fins. La jeune fille Han (fascinante Liu Xue Ha) s'occupe de dérober le précieux décret, mais quand le 4ème prince se montre sous son vrai jour, avide de pouvoir un point c'est tout, la jeune invincible, entourée de sa soeur et de deux compagnons, montrera de quel bois elle se chauffe. Se greffe là dessus le penaud et naïf 14ème prince (le jeunot Max Mok), successeur officiel pris en considération par un sabreur légendaire, Norman Chu dans un rôle très proche du noble guerrier de Duel to the death, lui même entouré de deux ados elles aussi expertes à l'épée. Il faut encore ajouter deux généraux Ching eux aussi bien costauds (Johnny Wang et Kwan Feng), ainsi qu'un Han devenu général des armées Ching (Jason Pai Piao), et finalement un guerrier japonais complètement culte (Tony Liu himself) costumé genre Dracula et adepte des techniques ninjitsu.***Ce paragraphe est inutile***

C'est bon vous avez suivi ? Non ? C'est pas grave, l'histoire plutôt bien amenée se délaie petit à petit pour laisser tomber un à un les trop nombreux protagonistes et quasiment tout le monde finit par disparaître du récit par une pirouette complètement navrante. En particulier, Jason Pai Piao qui s'avérait un bon adversaire final, ou Johnny Hwang, ou Kwan Feng, ou Max Mok, ou même Ku Feng (le patriarche Han) disparaissent tous soudainement et comme par enchantement avec l'approche du final, ce qui a pour effet de détruire consciencieusement la structure et le moindre effet porteur.
La mise en scène hors combat reste très honnête (bons effets de lumières, de brumes et surtout les jolis bons gros décors surchargés de la Shaw), mais ne montre rien de véritablement inspiré (la partie de pêche et le retour de Norman dans la brume à la limite). Sans aucun doute et avant tout parce que tout va beaucoup trop vite. L'intrigue étroite, fondée quasi exclusivement sur les complots politiques du méchant 4ème prince, et les dialogues basiques anihilent toute forme de romantisme, de fantaisie ambiante et tout relief aux personnages pourtant nombreux, que le bon cast tente tant bien que mal de faire vivre avec une énergie hallucinante.

Tout cela est bien dommage car côté action et combat...... c'est du filet mignon de premier choix ! Yuen Tak est derrière et un peu devant aussi (chorégraphe de grosse perles HK) et ça se sent. Un mélange époustouflant de sabre plein pot The Sword / Duel To the death, avec une bonne sauce de délires cablés suraccélérés et de tricks fantaisistes de premier choix, le tout accompagné d'un soupçon de kung fu frôlant parfois le niveau technique de Prodigal Son, notamment le terrible et long duel Jason Pai / Lau Wing à la fois old school et barré.

La première demi heure tient un rythme intensif qui met le smile. Le deuxième combat de Norman Chu en particulier est effarant pour tout fan de dépotage hors norme. La garde Ching vole dans toutes les portes et rambardes exactement comme dans un Kung Fu Hustle mais sans aucun CGI, les bruitages sont incroyablement puissants et exagérés, la vitesse surmultipliée, les impacts ultra violents, le niveau martial juteux à souhait, bref ce combat tue net tout amateur même le plus blasé et prouve (à nouveau) que la Shaw peut aussi offrir un niveau d'excellence d'action très difficile à égaler. D'autres combats tout aussi dingues et speedés valent le détour mais le final, surtout, est encore une autre paire de manches.

Oubliant les dénouements de son scénario et dans un souci de frapper fort niveau fights, Tony Liu le réalisateur s'insère brutalement en guerrier japonais (genre espion dissimulé sous sa cape) caricatural au possible, capable entre autre de mimétisme, qui va à lui tout seul faire péter le niveau de folie encore plus haut. Empruntant quelques clés du final de The Sword, l'excellent Yuen Tak et deux autres chorégraphes moins connus délivrent un trip de 10 minutes terrassant voir limite incompréhensible pour l'oeil novice. Fou furieux.

Tony Liu prouve encore une fois sa capacité à rendre ses films très nerveux et méchament furax lorsqu'il s'agit de l'action martiale (The Master, Holy Flame, Secret Service, etc), mais confirme ses lacunes à faire tenir debout ses récits, bourrés d'imbroglios et de personnages qui n'arrivent pas à se singulariser, perdus au milieu de complots politiques qui n'aboutissent à rien et ne font que stériliser l'ambiance. Notons quand même la musique, excellent mélange d'orchestral, de traditionnel et de psyché, un cast convaincu et convaincant, et un rythme constant qui fait franchement bien passer le tout.
drélium
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes .Tranchade HongKongaise, .Shaw Brothers, .Shaw bisseux ♥, .Tony Liu Jun-Guk et °Chroniques chinoises

Créée

le 24 févr. 2011

Critique lue 711 fois

12 j'aime

7 commentaires

drélium

Écrit par

Critique lue 711 fois

12
7

D'autres avis sur The Lady Assassin

The Lady Assassin
Palplathune
7

Fast forward

Les années 80 marquent la fatigue définitive des maîtres de la Shaw Brothers. Le grand Li Han Hsiang accouche de drames peu palpitants ou de softcore médiocres, Chang Cheh enchaîne les Kung Fu kitsch...

le 24 févr. 2011

6 j'aime

The Lady Assassin
Heurt
8

Les rats.

On connait les thèmes de prédilections de la Shaw, on n'en sort pas une nouvelle fois de plus avec ce film. Nous avons ici un empereur qui arrivant à sa fin de règne souhaite trouver un successeur,...

le 27 déc. 2017

3 j'aime

4

The Lady Assassin
Boubakar
7

Ordre de succession

Un jeune homme se sent menacé dans l'ordre de succession dans la dynastie des Ming, il va faire appel à des résistants d'un autre clan afin d'être encore éligible, sauf qu'il va les trahir au fur et...

le 22 déc. 2022

1 j'aime

Du même critique

Edge of Tomorrow
drélium
7

Cruise of War

Personne n'y croyait mais il est cool ce film ! Dingue ! On aurait juré voir la bouse arriver à 100 bornes et voilà que c'est la bise fraîche ! Doug Liman reprend pourtant le concept de "Un jour sans...

le 23 juin 2014

202 j'aime

31

World War Z
drélium
2

Brade pire.

Misérable. Pire film de zombies. Je m'attendais à rien et j'ai eu rien. J'ai même eu plus que rien, ou plutôt moins que rien. Il n'y a rien. Les seules scènes valables sont les trois moments...

le 5 juil. 2013

180 j'aime

66

Requiem pour un massacre
drélium
10

Va et regarde la guerre

Il y a peut-être un micro poil trop de gros plans de visages pétrifiés qui mettent en évidence un fond légèrement binaire comparé à d'autres œuvres plus ambigües et analytiques. Il n'est pas question...

le 27 avr. 2011

175 j'aime

18