Encore un film de science-fiction de série B passablement inintéressant, complètement décharné, qui mise toute sa légitimité sur une suspension consentie d'incrédulité beaucoup trop osée pour que l'ensemble tienne le coup. Quelques éléments initiaux ne sont pas tout à fait désagréables, il s'agit d'une production polonaise qui insère son récit post-apo dans un cadre de défi climatique non-surmonté par l'espèce humaine, et qui appartient au sous-registre de la SF de survie entièrement basée sur un unique personnage. En l'occurrence, une unique survivante d'une apocalypse (climatique, nucléaire, ou autre, on ne sait pas exactement et le contexte est narré en voix off en 5 minutes express au tout début) vit sa vie autour de son abri construit sur une butte en compagnie de son robot. Elle s'appelle Ève (attention, symbolisme subtil), et son robot Arthur est un mélange entre celui de "Wall-E" et celui de "Short Circuit" : pas le plus finaud des robots, la faute à une écriture qui fait de lui une machine à exécuter les trois lois de la robotique d'Asimov et rien d'autre. Mais bon, même ça, il ne le fait pas bien, puisque le nœud des enjeux passera précisément par le non-respect de ces règles sans que ça n'ait visiblement posé le moindre problème aux scénaristes.
La mise en scène nous le signale grossièrement assez vite : l'héroïne doit à chaque fois qu'elle s'absente redonner un mot de passe au robot, et on sent bien que ce robot de défense ne plaisante pas, la situation pourrait dégénérer si elle n'était pas en mesure de le communiquer. On sait donc très bien ce qui va se passer... Mais c'est complètement stupide dans l'invraisemblance de la situation à laquelle on nous demande d'adhérer : cette survivante, qui a le manuel des codes aimanté sur son frigo visible dix fois par jour, avec son maquillage impeccable, oublierait de le consulter avant le renouvellement du mot de passe. Ça n'a vraiment aucun sens, d'autant que le robot la menacera, refusera de l'aider pour l'empêcher de mourir de soif, etc. On balance les lois d'Asimov mais on s'en contrefout en réalité (sous couvert de l'introduction d'un nouveau paramètre, visiblement quand un humain est de type "réfugié", les lois ne s'appliquent plus, c'est ballot).
Et comme le scénario est d'une inconsistance caractérisée, le film devient pénible. La direction artistique n'est pas mauvaise et ce minimalisme aurait pu être exploité, dans les bonnes conditions, cela ne fait aucun doute. L'importance de l'accès à une forme d'énergie, le besoin de collecter des ressources, l'absurdité potentielle d'une situation... Ces éléments sont laissés à l'état brut, le réalisateur préférant se concentrer sur son affrontement psychologique un peu naze (le robot peine à incarner la menace) et sur son ironie finale malvenue.