Autre film sur la naissance de la dynastie Han

dont certaines répercussions sont toujours d'actualité. C'est dire que le sujet est d'importance. Le titre, qui fait référence au banquet de Hongmen, est malheureux (à mon avis) car si cet événement est un pivot majeur dans le conflit menant à la future Han, le scénario s'attache surtout au parcours de Liu Bang, s'arc-boutant sur sa folie en fin de règne, angle innovateur. Ses hantises sont prétexte à des flash-back revenant sur l'histoire, ses protagonistes, leur propre point de vue et ce qui a fait de L. Bang un empereur.
Liu Ye intègre bien son personnage et se fond dans ses hallucinations et autres cauchemars.

Le récit parle, comme on se doute, de luttes pour le pouvoir, âpres politiques, trahisons, complots, faits guerriers (peu de combats), remords...
La construction (flash-back), le sujet abordé, les nombreux protagonistes risquent de rebuter, surtout sans repères historiques (que je ne prétends pas avoir). Dommageable pour un film riche, calibré, que le réalisateur a une fois encore travaillé avec grand soin, n'hésitant pas à refaire construire ses décors pour affiner son travail. La mise en scène est généreuse au point que certains pourraient voir ici un blockbuster. La belle photographie de Zhang Li (notamment Le Banquet, Le Maître d'armes) s'appuie sur des couleurs contrastées, souvent sombres pour souligner le propos.

La film a dû attendre sa présentation à Cannes pour paraître. Sa censure pour menaces de stabilité publique (après la projection de la première en Chine ce qui est encore plus déroutant) a laissé le public dubitatif. D'autant que White vengeance traitant du même sujet présenté au comité à la même époque a passé sans encombre les mailles du filet. Possible d'y voir un gage la qualité sur le résultat auquel voulait aboutir Lu Chuan : dénonciation des pouvoirs, etc.
Malgré un travail ciselé, Le Dernier souper m'a laissée sur ma faim – d'autant que je venais de voir un autre métrage sur le sujet, bien plus puissant et complexe (oublié le titre) qui a affadi d'où une annotation peut-être faible.