Après réflexion et hésitation... Voilà ma critique "temporaire" de Limits of Control. Temporaire, car je sens qu'il va vraiment falloir que je revois ce film dans pas longtemps pour vérifier mes sentiments à son égard.
Pour commencer, je dirai que Limits of Control n'est clairement pas un film facile et a de grandes chances de déplaire à pas mal de monde. Avec "Broken Flowers", je pense que c'est un des Jim Jarmusch les plus calmes et contemplatifs... Avec très peu de dialogues (Isaac de Bankolé, le personnage principal que l'on suit constamment, ne parle presque pas), et une boucle scénaristique qui se répète plus où moins dans différentes villes sans qu'on sache vraiment ce qui se passe derrière tout ça.
Pour ma part..., j'avais été déçu peu de temps avant, en découvrant "Broken Flowers". Sans doute le long métrage que j'aime le moins de ce réalisateur dont je suis pourtant fan. J'ai donc commencé "Limits of Control" avec une certaine crainte, et une première partie du film ne m'a pas rassuré. Mais il y a ensuite des variations qui ont fait toute la différence pour moi avec le film précédent.
Petit à petit, j'ai été entrainé par le rythme, la musique, les couleurs, les personnages,... par la "magie" de ce voyage. Peut-être que le mystère autour du récit de LoC a mieux fonctionné sur moi, alors que la quête de Bill Murray du film précédent m'avait laissé assez froid. Peut-être que la détermination zen du personnage d'Isaac de Bankolé m'a plus accrochée que l’apathie (un peu énervante) de Bill Murray. Peut-être enfin que les paysages et la poésie de l'Espagne m'ont plus touché que ceux de Broken Flowers.
Quoi qu'il en soit, la magie a opéré et si je ne suis pas sur d'avoir aimé ce film autant que les premiers Jarmusch (Stranger than Paradise, Down by Law,...), je l'ai tout de même suivi jusqu'au bout avec plaisir. Et surtout... et c'est pour moi là sa particularité et ce qui me donne envie de le revoir bientôt : Il me trotte dans la tête depuis que je l'ai vu.
Je n'ai pas pour autant tout aimé, mais il m'a pourtant marqué.
Déjà, un parallèle me vient qui est peut-être la raison de cet engouement : Il y a un côté mystique dans le "voyage" que nous propose Jarmusch qui me fait d'une certaine façon un peu penser à "Dead Man". L'univers, l'ambiance et le récit n'ont aucun rapport, mais là aussi je me suis senti entrainé dans un récit en partie détaché du réel... un voyage onirique, bien qu'il prenne place dans le réel.
Si tous les films de cet auteurs parlent de l'errance, un "Stranger than Paradise", un "Mystery Train" (et d'autres) prennent pied dans le réel, et j'ai l'impression de pouvoir vivre le voyage auquel sont confrontés les protagonistes en prenant demain mon bagage et le train. Avec "Dead Man" comme avec "The Limits of Control" on navigue entre rêve/magie et réalité, et j'ai peut-être encore plus l'impression de "voyager" que de regarder un film en me laissant entrainer par leurs récits.
Un dernier détail, à propos d'une scène précise, que je met en "spoiler" :
J'ai particulièrement aimé la scène de flamenco dans un petit cabaret de... Madrid ? Je ne sais plus. Aucune importance.
Une comparaison me vient naturellement : Autant dans "Only Lovers Left Alive" je n'ai pas aimé la scène de concert car je l'avais trouvée trop coupée du reste du film. Je me rappelle avoir la sensation d'un "clip" en plein milieu du film. Autant pour cette scène de Limits of Control je n'ai pas du tout ressenti ça. Elle colle parfaitement au rythme et à l'ambiance des scènes précédentes et j'ai trouvé qu'elle rajoutait à la magie du moment.
Je m’arrête là.
Un film étonnant. Pas forcément facile d'approche, mais que j'ai vraiment aimé au final.
Je pense qu'il demande à être "digéré"... et je le reverrai surement dans quelque temps avec plaisir.