The Lobster est typiquement ce genre de film où je n'arrive pas à me faire un avis concret dessus. C'est comme si quelque chose de formidablement bon s'était produit sous mes yeux, mais que, je n'arrivais pas à en savourer toute la beauté.
C'est un peu le sentiment que j'ai avec The Lobster. Me retrouver face à quelque chose d'assurément nouveau, audacieux, mais trop perdu dans cette nouveauté, je n'ai pas réussi à l'aimer à sa juste valeur.
A moins justement, que The Lobster est une supercherie, mais je ne le pense pas.
En fait, j'ai émie deux émotions devant The Lobster, le rire, mais surtout la terreur. En lisant le pitch, cette histoire de célibataires qui ont quarante-cinq jours pour trouver l'amour avant de se faire transformer en animal, ça avait l'air rigolo. Sauf que dans l'effet, la façon dont c'est montré dans The Lobster n'a absolument rien de marrant.
Les personnages peuvent se trouver dans une situation cocasse qui me fera très rire (comique de situation comme on dit), mais voir à quel point ils sont habitués à tout ça et la façon dont ils agissent me fout un froid.
Par exemple, au début, je n'ai pas compris qu'il fallait un gros point commun avec une personne pour pouvoir se mettre en couple avec. Le premier cas, c'est une jolie fille qui saigne parfois du nez, alors pour sortir avec elle, un mec se frappe le nez pour saigner un peu, et hop, séduction. Ce cas-là, pour le coup, il m'a fait rire, comme une exposition sympathique et rigolote. Mais l'utilisation de cette règle de couple est par la suite utilisée de façon divers et monstrueusement cruelle. Au point que j'en avais la boule au ventre alors qu'une minute plus tôt, je riais aux éclats.
Alors ouais, pour le coup, on pourra donc se dire que The Lobster est un véritable coup de maître. Nous faire passer du rire à la terreur en l'espace de deux plans, il faut non seulement de l'audace, mais aussi une grande maîtrise du rythme et pour le coup, c'est amplement réussi. Mais voilà, c'est quand même dur à encaisser tout ça.
D'autant plus que si la première partie du film dans l’Hôtel est assez marrante, rien de bien cruel si ce n'est des règles et des sanctions parfois bizarres (genre une main dans un grille-pain, c'est jamais très agréable à regarder), la seconde partie est juste horrible, parce que qu'on découvre enfin l'univers du film. Et bordel, que c'est flippant. C'est surtout le comportement des personnages qui me met mal à l'aise tellement on est dans un monde totalement dystopique, mais que les gens s'y soumettent sans broncher. Un célibataire y est vu comme une horreur, si tu te balade seul dans la rue, t'auras obligatoirement un couple de flics qui viendra te contrôler, bref, l'horreur.
Donc du coup, The Lobster nous présente un univers avec ses règles de façon remarquablement subtile, le tout dans une ambiance sensorielle et lente au possible. Car oui, The Lobster est lent, il ennuie parfois de par ses longs silences, ses personnages laconiques au possible et les discussions très étranges pour nous, mais normales dans l'univers du film.
The Lobster fout mal à l'aise, mais est drôle. C'est là où j'arrive pas à me situer. Est-ce que j'ai passé un bon moment ? Si je voulais être objectif, je pourrai foutre dix et dire que les intentions du film sont amplement atteints, que c'est du jamais vu, que ça bouscule les codes, bref du pur génie. Mais personnellement, ce n'est pas un film que j'ai envie de garder dans mon cœur, l'expérience qu'il offre est unique, certes, mais faut s'accrocher. Mais ça, évidemment, ça dépendra de chacun, et c'est bien pour ça que le film divise tant.