Ça faisait longtemps que je n'avais pas vu un film aussi original, que d'aucuns trouveront sans doute à juste titre malsain, violent, voire choquant et gratuit, mais devant lequel je n'ai pu m'empêcher de rire souvent. Yorgos Lanthimos pousse les curseurs assez loin dans cette angoissante dystopie qui touche du doigt certains fondamentaux de nos civilisations occidentales et remue ledit doigt dans la plaie.
Dans cette dystopie, les Solitaires, célibataires de plus ou moins longue date pour x ou y raisons, ne sont plus tolérés en ville, au sein de la société civile. Ils doivent rejoindre une sorte d'hospice, duquel ils ne sortiront que de deux manières possibles : soit au bras d'un conjoint rencontré dans ce cadre, soit sous la forme d'un animal de leur choix ! S'ils arrivent à fuir dans les bois, une alternative s'offre à eux, une contre-utopie tout aussi angoissante, à l'exact opposé de la société normée qu'ils fuient, menée par une bande de marginaux rebelles qui proposent de vivre en solitaire mais solidaire, en bannissant sentiments et contacts physiques.
Un film à ne pas mettre sous tous les yeux (il sort avec la mention "Avertissement", mais une interdiction aux moins de 12 ans me paraîtrait être la moindre des choses), mais dont on peut ressortir, pour peu qu'on goûte la chose, avec le sourire et avec le sentiment d'avoir vu quelque chose de peu commun et d'assez fascinant, au final. L'histoire d'amour dessinée en creux est aussi, quelque part, assez belle.