Ça commençait plutôt bien (ça dépend pour qui, on est d'accord) : des gamins traumatisés par le suicide de leur mère (on en parle de la mise en scène "coucou c'est moi je veux choquer ça a marché ?") que leur père avait quitté pour une autre : Grace (clairement en tant que nana quand on se fait larguer on a raté sa vie. A quoi bon continuer à vivre après ça ? Voir grandir ses enfants ? Naah, trop mundane !)


Bon ok, en réalité ça commençait pas si bien que ça : n'ayant aucune indications sur son désespoir autre que le divorce, l'écriture semble dès le début trop facile : hop la mère se suicide, les gamins sont choqués donc on pourra pas trop leur en vouloir et "excuser" leur comportement exécrable par la suite (spoiler : nooope)


Du coup papa repousse son mariage avec sa nouvelle chérie : là encore (vous verrez que mes principaux reproches concernent le scénario) c'est pas très logique, le mec épouse une nana qu'a priori ses enfants ne connaissent pas (on sait qu'ils la détestent avec le bourrage de crâne que leur a fait leur mère mais c'est tout).. un peu rapide.


Surtout que cette histoire de mariage n'a pas de pay-off dans le film (où je l'ai loupé ?).


Guidés par leur mère, les teignent découvrent le passé tragique de Grace : elle a grandi dans une secte et assisté à un suicide collectif de 39 personnes. Ça aide pas à avoir confiance.. mais ça les fera peut-être compatir ?


-Hum ? Ah, on me dit que pas du tout dans l'oreillette !-


Retour à papa Richou (adorable Richard Armitage :3) qui pense que le meilleur moyen pour que ses enfants acceptent Grace est de les laisser tous les trois dans un chalet isolé (et quand je dis isolé c'est pas à la sortie du village, c'est The Shining isolé -référence d'ailleurs peut-être trop présente dans certains plans visuels et sonores) à la montagne. Yeaaaah bravo les scénaristes, tout à fait crédible !


Après faut pas s'étonner que les gamins soient un peu dérangés entre une mère hystéro et un papa gogo...


Bien sûr les choses tournent au vinaigre : les affaires de Grace et des enfants disparaissent, il n'y plus de courant dans le chalet, les vivres ont presque toutes disparu.. et Grace se retrouve sans ses médicaments, désorientée, à subir les théories étranges du gamin qui a fait un rêve où ils mouraient tous. Pompon sur le bonnet, elle se met à avoir des visions...


Attention ici ça spoil sévère :


En réalité c'est un coup monté des gamins maléfiques qui avaient prévu avant de partir au chalet (en s'entraînant avec la maison de poupées qui ne sert à rien : d'ailleurs pourquoi cette obsession des maisons de poupées dans les films d'horreur ?) un plan qui laisserait Macaulay Culkin admiratif : droguer Grace et se servir de son passé pour lui faire croire qu'ils sont tous morts et actuellement au purgatoire. Haha qu'est-ce qu'on se marre!!


Mais franchement pourquoi ? Qu'est-ce qu'ils espéraient avec ce plan ? Lui faire vivre un enfer en se comportant comme des ado ne suffisait pas ? Fallait qu'ils la DROGUENT, cachent ses affaires, cachent ses médicaments, et tuent son chien ? (bon ok c'était un accident.. toujours 0/100 dans la crédibilité par contre parce que, désolée, si je laisse la porte ouverte et que mon chien se fait la malle sous -10 °c il va vite rentrer ses miches au chaud et pas aller mourir au milieu de la forêt.. c'est un bichon pas un chien loup ! Quoi ? Mais ouiiii vous excitez pas j'ai compris le "je me suis offert mon chien comme symbole de ma nouvelle vie" (une seule phrase lâchée au cours d'une conversation random -scénarioooo pourrrrriii) et sa mort = symbole de la mort de cette nouvelle vie qu'elle tentait de se construire et donc retour à la case déglingo sectaire -bref c'est nul)
Ah oui, et le gamin simule sa pendaison. Bah quoi, on a tous fait ça non ?


Je veux dire, ok ils étaient remontés, la mère était catho, elle s'est suicidée donc selon ce qu'elle leur a inculqué elle n'a pas accès au paradis. Ils sont traumatisés, furax, tout ce que vous voulez. J'ai quand même du mal à croire à cette histoire, et surtout, s'ils arrivent à mettre tout ça en place c'est qu'ils sont un minimum (diaboliques, sournois ?) intelligents ! On peut se dire que leur but était de faire dégager Grace de leur famille, et la punir au passage pour la mort de leur mère, pas de la tuer ou de se mettre eux en danger (ou alors ils sont gogo et tiennent ça du père.. possible).
Du coup quand tu prives quelqu'un de ses médicaments, que tu la drogues et qu'elle se met à faire des crises de somnambulisme flingue à la main.. bah tu arrêtes. Tu lui redonnes ses cachets et espère qu'elle t'en voudra tellement qu'elle rompra avec le papa.
Ah? Non ?
Bon, quand la personne, toujours privée de ses médicaments, décide de partir seule dans la tempête sans manteau.. bah tu l'en empêches !
Ah? Quoi ? On me dit dans l'oreillette qu'ils n'ont pas du tout fait ça et qu'ils ont même continuer après coup avec des montages-photos annonçant leurs morts et une fausse pendaison.
Wow. Futés les gamins (sans cœur aussi).
-Oui effectivement les enfants sont des individus intelligents, il faut arrêter de les prendre pour des poires, et nous avec au passage-


Du coup Grace craque (folle un jour folle toujours visiblement- oui elle n'a plus son traitement et est mise à rude épreuve maiiiis quand même) et le fait de retrouver son chien congelé et ressemblant à un vieil os mâchouillé achève de la faire ... revenir dans le conditionnement qu'elle a subi enfant ? Okkk. (Je ne suis pas spécialiste mais j'ai quand même l'impression que c'est très superficiel et arrange bien le scénario. On dirait les scénarios avec hypnose : Ahah ! Tu as entendus redrum au bout du fil, boom tu te transformes en tueur fou !)


Et là c'est magique : les enfants deviennent officiellement des gogos ! Plus de traces du machiavélisme ingénieux dont ils avaient fait preuve jusqu'à présent.
Déjà, comme de par hasard -oh coup du sort, tragédie, ils sont pris à leur propre piège !- ils ne retrouvent plus les médicaments de Grace... (ce qui ne les inquiète pas plus que ça vu leur absence totale d'acharnement à les chercher). Et puis, gosses ou pas gosses, l'instinct de survie est là : tu vois la nana se brûler pour se punir d'être impure devant la cheminée (avec son pull ça doit pas être joli joli).. tu cherches le flingue purée ! Pour te protéger, protéger ta petite sœur, et empêcher la femme que tu viens de rendre psycho de l'avoir. Ça leur traverse pas la tête visiblement (dommage pour celle de leur père RIP Richou). Et justement, ce passage... mais purée vous êtes derrière elle.. tentez quelque chose bande de gogos.. non non je la regarde tenter de se tuer, puis elle a l'arme en l'air je fais rien, puis elle tue notre père.. oups (encore référence à The Shining sauf que là, la voiture ne fonctionne pas - c'est pas comme si papa venait d'arriver avec... mais c'est un gamin, il a pas le permis.. ok, petit ok mais ok)
Maiiiis même là, elle vient les chercher : mais écrase là, fout lui un coup de porte dans la face.. la meuf marche comme un zombie ils vont pas me dire qu'ils n'ont pas eu une chance de la neutraliser ? Ou alors jouez son jeu, piquez le téléphone de Richou et appelez la police, sortez-vous les doigts sérieux. Les teignent sont devenus des navets. Dommage pour eux.


The Lodge se veut sans concessions et sans réels antagonistes autres que les choix, cruels ou stupides de ses cinq personnages (on peut critiquer le père et sa relation avec Grace mais s'il fait des choix stupides, ce sont ses enfants, et son ex dans une certaine mesure, qui se montrent cruels.
À noter que ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de "méchants" qu'il n'y a pas de coupables. Et ce n'est pas parce qu'une fin est "sombre" ou se termine mal que le film est bon.
J'ai d'ailleurs trouvé la fin assez random (en passant le film cumule deux clichés que je déteste : la mort d'un animal et le "sauveur qui se fait tuer" aka le syndrôme Dick Hallorann pour rester dans la référence au film de Kubrick).
Elle aurait pu être dramatique et touchante, pas forcément surprenante par exemple avec le suicide de Grace et les conséquences pour les gamins qui doivent vivre avec, ou une fin qui te dit que oui, contrairement à ce qu'on voit dans la majorité des films d'horreur tu peux avoir une maladie mentale et t'en sortir, que tu n'es pas condamné à zigouiller tout le monde. Même une fin avec les mioches qui arrivent à s'échapper après la mort de leur père aurait eu plus d'impact à mon sens. Là on dirait la fin de Sinister, en ratée. C'est censé te glacer le sang, mais ça met surtout en exergue toutes les incohérences de l'histoire et la non-pertinence de l'utilisation de la maison de poupées. D'ailleurs la fin originellement prévue devait voir la caméra s'extirper du chalet qui serait en fait la maison de poupées... Clairement de la b. intellectuelle, avouons le.


Si The Lodge est plutôt bien filmé, avec une imagerie troublante et une esthétique travaillée, et si la musique, stressante à souhait rend l'ensemble anxiogène, voir malaisant pendant les scènes de déambulation de Grace, j'ai malgré tout trouvé son écriture peu subtile et les trop nombreuses facilités scénaristiques m'ont sortie du film. Au bout d'1h10 j'ai arrêté mon premier visionnage.
La maladie mentale est un sujet souvent utilisé dans les films d'horreurs/thrillers, mais rarement bien traité à mon sens. Ici c'est une excuse au comportement de Grace et son traitement reste superficiel. Il n'en reste pas moins que reproduire à l'écran ses hallucinations apporte un degré d'angoisse non négligeable qui, associé au côté claustrophobique du film peut vraiment faire peur et marquer le spectateur.
Ça ne sauve pas le film pour moi mais si vous pouvez passer au-dessus des écarts de scénario, alors tentez votre chance. Qui sait, vous appréciez peut-être le voyage (n'oubliez pas une batterie de secours quand même, on ne sait jamais).

EleaQuinn
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le 7 nov. 2020

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EleaQuinn

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