The Longest Nite (1997) naît dans une situation trouble puisqu'il coïncide avec l’année de rétrocession de Hong-Kong à la Chine. Là où l’on vit la fuite des cerveaux (John Woo, Ringo Lam, Tsui Hark et autre Kirk Wong) aux Etats-Unis et où l’on disait de l’industrie cinématographique hong-kongaise qu’elle vivait ses dernières heures de gloires. Bref, le pessimisme était de rigueur et le film reflétait cette même ambiance. Une ambiance noire où Johnnie To et Wai Ka-fai (ici producteurs) mettaient à l’honneur avec ce polar. Un polar sombre. Du néo polar qui s’inscrit aujourd’hui comme l’un des meilleurs du genre.
On a souvent contesté la paternité du film à son auteur – Patrick Yau – ce qui a participé à la légende de ce chef d’œuvre qu’on a souvent attribué à Johnnie To (quelques années plus tard, il se disait en être l'auteur). En effet, on y retrouve un style et une atmosphère qui lui sont propres, tout en sachant qu’il suivait de prêt les productions dont il était l’investigateur. D’ailleurs il ne s’en ait jamais caché comme se fut le cas pour Beyond Hypothermia (1996) de Patrick Leung.
L’action de The Longest Nite prend place dans l’enclave portugaise de Macao qui connaît alors un regain de violence lié aux règlements de compte entre triades et forces de l’ordre (coupures de journaux à l’appui). Une situation locale également propice à l’atmosphère électrique de l’œuvre qui nous intéresse : corruption de la police et affrontements entre triade. La folie s’emparait de Macao et l’action folle du film des spectateurs.
Le scénario de The Longest Nite établit une intrigue à haute tension où les deux personnages principaux se livrent un véritable face à face haletant d’une nuit (treize heures en vérité). Un néo polar intense et dur parsemé de rebondissements. La réalisation n’est pas en reste. Elle parvient à recréer une atmosphère claustrophobe, moite et enivrante tant les lieux sont étouffants, sombres et glauques. L’image du film dégage une certaine violence sale dans cette nuit bleutée. La photo est forte comme l’ensemble de la réalisation.
Les acteurs principaux, Lau Ching-wan et Tony Leung sont magnifiques dans leur rôle propre. Deux « vrais » acteurs qui interprètent merveilleusement leurs personnages qu’ils ont dans la peau et cela se voient. Tony (crâne rasé et tatouage) et Sam (usant d’un mouchoir pour éponger sa sueur) sont des doubles respectifs. Ils s’affrontent psychologiquement et physiquement tout en se manipulant à tour de rôle. Ils sont le reflet d’un miroir qu’il se renvoie sans savoir qu’ils sont des pions qu’on déplace à leur insu sur l’échiquier qu’est Macao.
On regrettera la bande son. Même si elle apporte quelque chose à l’ambiance, on aurait aimé qu’elle soit originale parce que l’œuvre l’est. En effet, les connaisseurs reconnaîtront entre autre le thème de Midnight Express.
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