Il en faut du temps à The Lookout pour se mettre en place. Compter une heure, grosso modo. Un tel ralentissement de l’intrigue n’était pourtant pas nécessaire, d’autant que cette langueur n’épouse pas la conception du temps dont souffre le protagoniste principal : c’est quelque chose de plus laborieux qui ne donne pas l’impression d’une répétition maladive mais davantage d’une approximation de chaque instant. Les acteurs jouent de façon individuelle et ne rendent jamais les relations censées les unir intrigantes. La faute n’est pas à rejeter sur Joseph Gordon-Levitt qui, en raison du handicap de son personnage, a la caractéristique de dissoner dans l’orchestre des rapports sociaux. Seulement, Matthew Goode n’est guère crédible et refuse la subtilité nécessaire à toute manipulation, aussi aisée soit-elle. Nous retrouvons également Jeff Daniels – toujours très drôle – qui paraît auditionner pour une suite de Dumb & Dumber : déguisé en aveugle, il ouvre des boîtes de tomates et fait une blague sur un champignon. Quand seulement après une heure de film le rythme s’accélère, aidé en cela par la composition musicale de James Newton Howard, quand enfin l’ingénu entre en jeu, se révèle au grand jour le potentiel de tout une œuvre. Il manque, à coup sûr, le talent des Frères Coen pour transformer cet ersatz mou en farce vénéneuse. Trop programmatique pour surprendre, The Lookout réserve pourtant un segment final assez réjouissant dans lequel apparaissent, en creux, de belles idées de cinéma malheureusement desservies par ce qui les précède.