Produit par Lucky McKee (May, The Woods), The Lost est une agréable surprise aussi discrète qu'impressionnante. Tout d'abord, la réalisation est soignée, le scénario bien écrit et les interprètes convaincants, aussi has-been soient-ils (Dee Wallace-Stone, Ed Lauter, Michael Bowen, Tony Carreiro). Mais ce sont justement ces personnages typiques qui font la force du film, tournant tous autour du charismatique Ray Pye (la révélation Marc Senter), sorte de Patrick Bateman prétentieux mais loser.
Ce beau gosse boiteux aussi charismatique que pathétique, coltiné à récurer les chiottes du miteux motel où il séjourne avec sa mère, est doté d'un incommensurable ego ainsi qu'un complexe d'infériorité néfaste et malsain. Lorsqu'il tue tout naturellement deux campeuses un soir d'été, il le fait froidement, sans antécédent, sans remords. Et tout le long-métrage suit donc cette personnalité intéressante, inattaquable, à travers ses frasques sobres, méfaits inintéressants d'un adolescent quelconque dont l'ego grandit au fur et à mesure.
Mais cet ego refoulé explose un jour, dans un final sanglant assurément inattendu. Avec The Lost, Chris Sivertson réalise une œuvre à la fois simple et complexe, retournant son petit monde sans prétention. Hélas, on ne peut pas en dire autant de son film suivant, I Know who Killed Me, qui est une déception à éviter.