La cité perdue du cinéma (et) de nos pères

Après l’enthousiasme à peu près généralisé, puis les premières déceptions, on vous parle enfin longuement du nouveau film de James Gray qu’on attend depuis plus de 8 ans. Grand film d’aventure en même temps que magnifique mélodrame intime, The Lost City of Z s’impose pour nous comme un classique instantané.


En Irlande, début du XXème siècle, un colonel britannique, Percy Fawcett, participe à une chasse à courre. La caméra de James Gray plonge en ouverture dans cette cavalcade chaotique de chevaux se bousculant, s’écroulant, à la poursuite d’un cerf sublime. On avait tant entendu parlé du film avant sa sortie, de sa genèse difficile et de son sujet, qu’on ne s’attendait sans doute pas à cette entrée en matière. Il y a pourtant déjà une évidence dans ce début aussi renversant qu’épique. Le découpage flamboyant, l’immersion incroyable procurée par la scène impose un constat sans appel : décidément James Gray est un grand cinéaste, et il nous avait manqué. Alors qu’un sublime plan d’ouverture nous laissait entrevoir une jungle fantasmée, annonçant un film d’aventure à la Aguirre, la colère des Dieux (Werner Herzog, 1972) nos attentes se dirigent ailleurs. Vers une chasse et son chasseur victorieux, Fawcett, qui après avoir tué le cerf, est acclamé par la bonne société britannique, et s’en va embrasser sa femme et son fils. Pourtant, on apprend vite que Percy n’est pas désiré dans ce monde corseté, que le passé trouble de son père a sali son nom. Son départ pour l’Amazonie est l’occasion de laver son honneur, de trouver sa place dans son monde. Le désir de Percy est donc égoïste. Il est un homme de son temps. Il a beau apprécié le caractère de sa femme, visiblement suffragette, se trouver finalement en avance sur son époque après avoir croisé sur sa route des indigènes, Percy se cherche avant tout une place pour lui. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu une figure héroïque si belle et si complexe dans le cinéma américain. Bien-sûr, Percy devient le représentant d’un combat noble et humaniste. A table, devant ses congénères de la haute société, il affirme qu’il faut reconsidérer les « sauvages », et lors d’une incroyable scène de congrès, il clame la nécessité de reconsidérer les civilisations qui ont sans doute précédé la « bigoterie de l’Eglise ». Mais la quête de Percy n’est pas humaniste, du moins pas directement. Percy cherche Z, cette cité perdue d’or qui serait la preuve de cette civilisation, non pas comme acteur de l’Histoire, mais dans une quête personnelle de sens.


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PjeraZana
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le 1 déc. 2017

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