Réalisateur adulé dans le cinéma américain avec des chefs-d'oeuvre comme Little Odessa, The Yards, ou bien encore Two Lovers, James Gray revient derrière sa caméra là où ne l'attend pas forcément en adaptant l’incroyable histoire de l’explorateur britannique Percy Fawcett.


Cinéaste parmi les plus doués de sa génération, la dernière œuvre de Gray est une véritable plongée au coeur de l’enfer vert et qui tranche avec son habituel univers urbain new-yorkais, sans pour autant renier l’héritage cinématographique assimilé et transmis par ses glorieux ainés. En effet, à la vision des images captivantes de la jungle amazonienne, il paraît difficile de ne pas établir des points de comparaison avec les univers de Werner Herzog (Aguirre, la colère de Dieu, Fitzcarraldo) ou de Francis Ford Coppola (Apocalypse Now). Des univers cinématographiques dans lesquelles les mystères recelés par un environnement à la fois hostile et captivant imprègnent la rétine du spectateur pour le plonger dans une lente et périlleuse hypnose, au réveil brutal.


De Londres à la forêt amazonienne, le danger n’est parfois pas là où l’on croit. Dans ce monde où les oripeaux d’explorateurs perdus aux confins de la civilisation revêtent parfois bien plus de nobesse que les gilets ornés de médailles par d’arrogants lords anglais. Avec une extrême élégance, la mise en scène de Gray se joue des paradoxes pour dépeindre avec autant de violence la trajectoire d’une flèche au détour d’un sentier que les tensions bien présentes au sein de la bourgeoisie victorienne. En empruntant la forme du récit d’aventures, The Lost City of Z se joue donc de subtilité pour aborder des thèmes bien plus profonds et universels. Qu’il s’agisse de la destinée d’un homme et de sa place au sein de la société, de son rapport à la paternité ou bien encore de l’appel de la nature ou de la quête d’absolu vers l’aboutissement de ses rêves, le périple de son personnage nous emmène dans une dantesque descente aux enfers qui se révèlera à lui comme l’expiation d’une vie dont la fameuse citée cachée ne serait que la forme allégorique d’une quête absolue d’harmonie avec sa vie.


En nous invitant à sortir des sentiers battus pour se perdre avec lui au milieu d’une magnifique forêt terrifiante, cette invitation au voyage proposée par James Gray ne saurait mieux être résumé par la célèbre phrase de Lao Tseu : «  le but n’est pas seulement le but. Mais le chemin qui y conduit ».

jujumac
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le 17 mars 2017

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