La première fois que j'ai vu The Lost city of Z (j'étais déjà une grande fan de James Gray), j'ai trouvé le film très beau, envoûtant et fascinant (tant visuellement qu'en raison de l'histoire qu'il raconte). L'effet qu'il a eu sur moi (si c'est pensé alors cela confirme le génie de James Gray) doit être celui de la chaleur moite de la forêt amazonienne que traversent les personnages du film : j'étais en pamoison, doucement assommée, prête à être portée dans mon demi-sommeil comme ils le sont tantôt par une barque, tantôt par des bras indigènes...

Je n'ai jamais oublié ce premier visionnage mais (moi qui aime bien faire des classements), je ne considérais pas que The Lost city of Z pouvait intégrer mon très sélect top 3.

Jusqu'au jour où je l'ai revu - pour confirmer la fascination - puis revu encore, 4 fois en un mois.

Je vais parler à titre personnel, mais je crois que c'est le plus beau film que j'ai vu. Pas de la même façon de les autres que j'adore, pas pour la beauté des sentiments d'un Million dollar baby, pas pour l'esthétique et scène finale somptueuse d'un Mysterious skin, pas même pour le plus beau regard face caméra de Magnolia.

The Lost city of Z est un film sublime pour plusieurs raisons (certes les paysages, la beauté de Charlie Hunnam et - plus intellectuellement - la générosité des idées progressistes et non-ethnocentristes de Percy Fawcett) mais je crois que ce qui me fascine le plus c'est combien il prend son temps. Excepté les scènes filmées en Angleterre, tout est filmé avec lenteur et délicatesse. Les ellipses - nombreuses - font que la diégèse du film se déroule sur une vingtaine d'années.

Ce qui est beau, aussi, c'est la passion de cet homme, au sens étymologique (patior, subir). Si belle qu'elle entraîne son fils à la partager, au péril de sa vie.

La première fois que j'ai vu ce chef d'oeuvre, j'étais enceinte de 7 mois. Peut-être cela m'a-t-il empêché de complètement adhérer au propos du film et de comprendre la passion de cet homme. Car il quitte femme et enfants, 4 fois, pour poursuivre l'espoir de retrouver une ancienne cité d'or.

Ma fille étant née et - malgré l'amour incommensurable que l'amour que je lui porte - les contraintes et charges mentales s'accumulant, je comprends la nécessité de penser à soi, de se faire passer parfois avant les autres et, surtout, d'entretenir une raison de vivre sur laquelle on puisse avoir un contrôle, qui ne nous échappe pas puisqu'elle n'est jamais réalisée, sinon en fantasme et espérances.

C'est le propre du désir, sitôt réalisé, la satisfaction laisse vite place à l'ennui. Or, on ne peut s'ennuyer de partir à la recherche d'un lieu introuvable. Le désir persistant, l'énergie de vivre aussi.

Et c'est cela qui me charme le plus dans The Lost city of Z, combien il dépeint avec justesse (comme toujours chez Gray) les caractères les plus nobles mais aussi plus sombres de l'être humain : tantôt le courage, tantôt la lâcheté; tantôt la honte, tantôt l'orgueil,

Mais bon, revenons aux basiques.

Si ce film est sublime, c'est avant tout pour sa photographie, ses plans lents et ses travellings épousant parfaitement l'esprit des aventuriers.

Quant aux péripéties à proprement parler, il y en a, mais il ne faut pas s'attendre aux aventures d'Indiana Jones...


Il m'est à vrai dire difficile d'exprimer et de communiquer aisément l'émotion esthétique que je ressens parce que The lost city of Z exist. Sont-ce les mots qui me manquent ? Mes pensées sont-elles trop obscures pour que je réussisse à les verbaliser ?

Toujours est-il que, un peu perdue, je me retrouve dans ce héros déterminé à la recherche d'une cité perdue, prêt à se perdre, à perdre la vie,


voilà, c'est peut-être cela qui m'émeut tant,


une histoire de perte, encore et toujours.

Brownbunny
10
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le 21 juin 2023

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Brownbunny

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