“If you were any thinner, you wouldn’t exist” affirment deux femmes distinctes à Trevor, hagard et squelettique, un machino n’ayant apparemment pas trouvé le sommeil depuis un an.
Et force est de constater que tout semble le conduire vers l’effacement : sa présence physique, mais aussi sa lucidité dans son regard sur le monde, où la perception du réel tend à s’effriter.
Se réclamant de Lynch et Hitchcock, Brad Anderson ne ménage pas ses effets pour distiller une atmosphère trouble. Photo ternie, impossibilité de définir clairement les lieux ou la date, tout concours à nous faire entrer en empathie forcée avec le protagoniste pour qui tout se dérobe à mesure qu’il tente de le comprendre.
Les intentions sont pourtant assez transparentes. Certes, il faudra attendre un moment pour avoir le fin mot de l’histoire, qui se révélera un peu plus intéressant que prévu. Mais dans ce type d’intrigue ou les hallucinations se mêlent au réel, on a tendance à décrocher à partir du moment où l’on constate que tout est à peu près possible, et surtout réversible. Entre Fight Club et Enemy, cette course cauchemardesque occasionne, a posteriori, bien des séquences inutilement manipulatoires (comme celle du malaise épileptique de l’enfant dans le train fantôme, par exemple), alors que le thème central de la culpabilité et de la rédemption se suffisait à lui-même, fort d’un réseau déjà assez dense d’indices.
Cette surenchère trouve son point culminant dans la « performance » 100% made in USA par Christian Bale, qui a donc perdu 28 kg en 3 mois et s’abstenait de dormir pour mieux coller au rôle. Au vu du résultat et de la gentille banalité de ce film correct, mais dénué de toute transcendance et lui aussi un peu maigre, on ne lui en demandait vraiment pas tant.