Devant cette expérience nauséeuse, mieux vaut garder les yeux grands ouverts. Déjà, The Machinist dépeint avec une violence inouïe le monde ouvrier. Dans cette usine grise et morne où travaille Trevor Reznik (le personnage principal interprété par Christian Bale), les machines prennent des allures de démembreuses de chair, démarrant au quart de tour à la moindre imprudence.
Une fois la besogne terminée et le bleu de travail rangé dans le casier, toute cette violence ressurgit aussitôt dans les vestiaires. L’antichambre de l’enfer où le chétif et frêle Trevor, est testé sans ménagement par les autres travailleurs.
Schizophrénie et confusion
La vie de Trevor s’apparente à une lente agonie (aussi bien physique que mentale), qu’il tente de noyer dans les bras d’une prostituée. Le reste du temps, il a la tête baissée vers son café, prostré sur le comptoir du bar d’un aéroport… Ses démons semblent le poursuivre, où qu’il aille et quoi qu’il fasse.
Dans cette plongée schizophrénique dans la vie de cet ouvrier antisocial, règne une impression de confusion. Quand bien même la musique est totalement à rebours de l'atmosphère étouffante du film, le spectateur s’enfonce malgré lui dans la descente aux enfers du personnage principal. Quitte à être pris de vertiges, au grès des soubresauts de la photographie et du montage.
Et puis, l’insistance excessive des plans sur sa mine efflanquée et son torse squelettique frôle la surdose. Bien que l’acteur ait perdu 30 kilos pour camper ce rôle, cet état de maigreur extrême apparait ici comme accessoire, tant l’essence du film repose sur la démence de Trevor, prisonnier de sa propre culpabilité. Celle-ci finit par éclater aux yeux du spectateur à la toute fin du film. Le moment que choisit Trevor pour sombrer définitivement et pour de bon.