Un conte social mis en scène par Peter Mullan, acteur notamment des films de Ken Loach, "The Magdalene Sisters", retrace le destin de jeunes filles en quête de liberté et d'émancipation dans les années 60, qui se verront enfermées dans des couvents, par leurs propres familles. Véritables prisons où les brimades, coups et humiliations ne cesseront qu'à la folie de certaines ou plus souvent de leur mort.
On remarque les rôles principaux tous excellents et les seconds peut-être un peu plus excessifs mais qui dénote et la propension des hommes par le biais de l'église à "casser" les individus féminins, et celle des femmes elles-mêmes par le rôle de Bridget, cette "soeur" à la limite de la folie, à appuyer cette haine.
De belles images contrastées entre intérieur sombre et gris et extérieur lumineux, synonyme de liberté et de beauté. Une scène marquante entre autres, celle de la possibilité de fuite et de la peur qui en résulte pour une de ces jeunes filles, déjà définitivement perdue par le matracage subit...ou encore Bernadette, face à la lâcheté de l'homme, ne sera que la tentatrice...celle toujours désirée mais détestée.
Peter Mullan signe une mise en scène sobre et dure, accentuant le réalisme par un jeu de caméra maîtrisé, n'hésitant pas à choquer par certaines situations, appuyant la lumière blafarde, que l'on peut ou pas apprécier, mais qui vaut par son message...et qui encore aujourd'hui a une forte résonnance.
Il y aurait comme un effet de boucle..."Dans cette Irlande, une fille violée est forcément coupable" ...aujourd'hui en 2016, dans beaucoup d'autres pays... encore.
L'arrivée de la machine à laver...dans les années 70 contribua à la baisse de viabilité économique de ces institutions et qui en ont été les "Victimes" ! mais il a fallu encore du temps pour les fermer. Une scène rappelle bien que l'Eglise profitait de ces placements pour "faire de l'argent" telle la scène de Bridget, en introduction, comptant ses billets...
Et pour un final où l'évasion n'a rien d'un happy end, le plus dur reste à venir...vivre avec.
« Puisse Dieu avoir pitié de son âme"
Inspiré du documentaire "Sex in a Cold Climate" de Steve Humphries, ce film a reçu le Lion d'or de Venise en 2002.