The Magic Crane par cherycok
Avec le ciné HK, on n’est jamais à l’abri de tomber sur une petite pépite qui a pu passer entre les mailles du filet pour on ne sait quelle raison, surtout lorsqu’il s’agit d’une production Tsui Hark via sa société Film Workshop, et qu’elle est réalisée par une valeur sûre du ciné HK, je veux parler de Benny Chan (Big Bullet, New Police Story). Sans doute que l’abus de Wu Xia-Pian m’avait fait mettre celui-ci de côté et qu’il a pris la poussière un peu trop longtemps. Grand bien m’a pris de le ressortir tant le plaisir lors du visionnage fut total devant toute cette générosité qui transpire à l’écran.
Cette générosité se traduit par plein de choses, à commencer par un casting trois étoiles. Même si c’était déjà le cas dans bon nombre de productions similaires de l’époque, The Magic Cranefait très fort. Outre Tony Leung Chiu-Wai qu’on ne présente plus, le casting féminin vaut son pesant de cacahuètes à commencer par la regrettée Anita Mui dans un rôle superbe, tout en poésie, surtout lorsqu’elle chevauche sa grue géante tout en jouant de la flûte traversière, le genre d’actrice qui manque clairement au ciné HK actuel. Face à elle, la toute aussi sublime Rosamund Kwan dont le rôle rappelle fortement celui qu’elle incarnait dans le Blade of Fury de Sammo Hung. Citons également la toute mimi Jay Lau et son personnage très fun de combattante accro aux hommes et qui apporte une petite touche d’humour non négligeable.
Mais d’autres seconds rôles sont tout aussi géniaux comme les valeurs sûres sont Norman Chu (Duel to the Death), Lawrence Ng (Dr Lamb) et surtout Damian Lau (Duel to the Death, Zu) capable d’interpréter n’importe quel type de personnage, qu’ils soient sérieux ou très axés sur la déconne.
Tout ce beau monde semble s’amuser comme des petits fous dans ce Wu Xia-Pian clairement sous acides, nous balançant des idées complètement folles à la gueule à chaque seconde.
Même si le scénario pêche par son manque d’originalité, encore une vieille histoire de combats entre clans, ce sont toutes les sous intrigues et tout ce qu’il y a autour qui font de Magic Crane un divertissement très réussi. Tout ça est complètement fou, à grand renfort d’effets en tout genre pas toujours très heureux il est vrai, mais souvent complètement barrés.
On a donc droit en vrac à une grue géante, une tortue de feu dont la vésicule est capable de guérir tous les maux, un kung-fu du son avec des guerriers s’affrontant à coup de flûte ou d’instrument à corde (11 ans avant le Crazy Kung Fu de Stephen Chow), un maître du kung-fu enchainé dans un puits dans la grande passion est de faire avaler des choses diverses et (a)variées à qui croisera son chemin,… Et encore, la liste est faible…
Malgré cette folie, The Magic Crane respecte les codes très précis du genre, en les traitant parfois à l’extrême histoire de bien se différencier. Ainsi, les chorégraphies des combats de Lau Chi-Ho sont aériennes au possible, les guerriers virevoltant souvent à une vitesse incroyable accentuant le côté décalé des affrontements. On sent que ce dernier a déjà travaillé avec Ching Siu-Tung tant on reconnait la patte du maître.
Les différents lieux sont également des classiques qu’on a l’habitude de trouver dans ce genre de production, comme l’auberge ou le désert. Néanmoins, quelques nouveautés sont agréables comme ce bateau peuplé de combattantes joliment vêtues ou encore cette île sur laquelle les héros vont chercher la vésicule de la tortue géante de feu. Ces lieux auront d’ailleurs la vie dure tant les combattants n’hésitent pas à tout faire voltiger à grand renfort d’explosions en tout genre avec des effets spéciaux souvent approximatifs mais qui pourtant collent tout à fait au genre quand on connait un peu le cinéma asiatique. C’est souvent kitch mais on sent vraiment cette envie de vouloir en donner pour son argent au spectateur.
Cette générosité se ressent vraiment à l’écran et donne à The Magic Crane un visuel malgré tout impressionnant. Même 20 ans après, le film n’a pas pris une ride et lui permet de faire parti des Wu Xia-Pian les plus divertissants que Hong-Kong ait produit d’autant plus que certains personnages comme celui de Tony Leung Chiu-Wai sont là pour apporter une touche d’humour, parfois à la limite de la parodie, mais toujours de façon très réussie.
Loin d’être le meilleur du genre objectivement parlant, The Magic Crane est tellement fou et too much qu’on lui pardonne aisément ses faiblesses. On le regarde le sourire aux lèvres de plaisir, on le déguste tel un enfant qui découvre quelque chose de magique. Bref, c’est du bon et c’est divertissant à souhait (je sais, je me répète mais c’est pour la bonne cause). A voir pour tous les amoureux du genre !
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.