On connait le nanar hollywoodien qui s’apparente en général à un blockbuster décérébré et raté qui a coûté des millions de dollars, le nanar franchouillard qui peut se voir comme toutes ces comédies françaises foireuses et d’un autre temps ou encore le nanar de série B qui s’avère un peu plus assumé dans sa nullité. Ils sont néanmoins un point commun, vus au troisième degré voire plus, ils peuvent devenir drôles ou jouissifs. Mais le cinéma d’auteur et/ou indépendant peut aussi receler de véritables purges et navets qui, eux, sont généralement assommants. Et ce « The Maiden » en est la preuve incarnée. Ce pseudo-film, acclamé dans un ou deux petits festivals et souvent par des critiques intellos faisant mine de saisir le sens profond de la chose ou par quelques rares adeptes d’œuvres hermétiques et poseuses, est tout à fait symptomatique de comment peut être pénible – pour ne pas dire complètement chiant – un film à budget minuscule du circuit arty. Donc oui, le cinéma pointu peut également se révéler extrêmement mauvais même si on aura moins de facilités à le dire par peur de passer pour un inculte, mais dans ce cas-ci, on ne va pas se gêner.
L’histoire, si on peut parler véritablement d’une histoire, nous vole près de deux heures de nos vies pour ne rien raconter. On peut être allergique à un certain cinéma contemplatif, naturaliste ou poseur. Mais avec « The Maiden », tous les curseurs des stéréotypes de ce genre d’œuvres sont poussés à leur maximum. On voit donc ici errer trois adolescents vaguement reliés par un drame qui restera tout aussi abscons et vague que les velléités artistiques prétendues de cette chose infâme. C’est une sorte d’errance prenant place dans la banlieue de Calgary sans but ni signification autre que celle détenue par son auteur. On pense (un peu) à « Elephant » dans la manière de filmer, voire à « Les Seigneurs de Dogtown » dans cette façon qu’à Graham Foy de suivre ces jeunes acteurs. S’il a voulu nous montrer ce qu’est l’ennui et nous le faire ressentir, c’est totalement gagné mais ce n’est pas notre amour du cinéma qui en sort grandi, loin s’en faut.
« The Maiden » étire toutes ces scènes qui s’apparentent à du vide plus que de raison. On ne compte plus les plans répétitifs et inutiles sur des graffitis, du vent dans les arbres ou encore d’acteurs qui déambulent dans des endroits moches et anodins. Le grain de l’image est volontairement vieilli (pour bien montrer qu’on est dans du cinéma d’auteur), les acteurs sont antipathiques, la quasi absence de musique rend le film encore plus hermétique et déplaisant et la finalité de tout cela est aussi facile à appréhender que le plus complexe des films de Lynch (qui, lui, au moins sait manier l’étrange et l’abstrait). Le pire c’est que ce truc qui aurait pu à la limite prendre la forme d’un court-métrage (qui aurait été tout aussi mauvais) mais qu’il a l’outrecuidance de durer près de deux interminables heures. L’une des pires expériences en salles qui soit, du cinéma expérimental qui se croit poétique mais qui n’est que vide et prétention. Bref, fuyez, spectateurs car on est ici dans tout ce que l’ennui peut avoir de plus déplaisant en salles et pour rien.
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