Léon au pays du matin calme.
Ce qu'il y a de bien avec les Coréens c'est que non contents de réinventer des genres ultra-balisés, ils viennent aussi surclasser les occidentaux sur leur propre terrain.
Enorme succès au box-office local (6 millions d'entrées), The Man From Nowhere est un polar hardboiled dans la même veine que Taken, Man On Fire ou Léon dont il reprend le carcan : un type s'entiche d'une gamine qui est enlevée par des méchants et met tout en oeuvre pour la retrouver... avouez que c'est du déjà vu !
C'était sans compter sur le talent de nos amis du pays du matin calme qui parviennent aisément à transcender ce pitch éculé.
Toutefois, ne vous attendez être surpris par une histoire bourrée de clichetons ( la caractérisation appuyée des bad guys qui sont vraiment mais alors vraiment des ordures) et qui tombe parfois allégrement dans le pathos. L'ensemble demeure donc très prévisible ce qui n'empêche pas le métrage de se distinguer par sa narration rythmée et souvent astucieuse dans l'écriture de certains personnages comme le héros dont le passé est progressivement dévoilé.
Cependant, c'est sur le plan formel que The Man... marque des points et on retrouve la stylisation extrême inhérente aux films de Park Chan Wook (Old Boy, Thirst) ou de Kim Jee-Woon (A Bittersweet Life, le Bon, la Brute et le cinglé).
Magnifiquement photographié, le métrage est aussi transcendé par l'indéniable talent visuel de son réalisateur, Jeong-beom Lee, qui fait preuve d'une impressionnante maîtrise technique. On retiendra principalement un plan séquence très court mais totalement hallucinant lors d'une course poursuite à pied.
Cette brillante mise en image vient sublimer quelques rares scènes d'action qui en mettent néanmoins plein la vue au spectateur !
Dans un style brutal faisant la part-belle au close-combat et aux armes blanches, le film s'inscrit dans la veine de la trilogie Bourne... en plus violent et en mieux ! Ainsi, l'affrontement final est tout simplement un des plus beaux que j'ai jamais vu tant j'ai été impressionné par la gestion de l'espace du réal, par la lisibilité et par les chorégraphies.
Du côté des acteurs, on regrettera que certains aient tendances à surjouer, surtout ceux qui campent les gangsters. Néanmoins, l'interprétation est de qualité et on louera la performance de Won Bin (déjà génial en simplet dans Mother) qui porte le film sur ses épaules.
Au final, The Man From Nowhere fait penser à un horloge suisse : c'est sans surprises mais la fabrication et l'efficacité de l'ensemble ne sauraient être pris en défaut !
Un excellent divertissement dont on regrette qu'il ne sorte pas en salles chez nous...