Tsui Hark nous livre avec The Master un produit typiquement hong-kongais, mais étrangement américain. Tous les scories habituels des actioners martiaux sont au rendez-vous (scénario inexistant, dialogues nuls, mauvais doublages, gweilos aux looks détonants et même de l'humour mongoloïde), mais là où le spectateur sait se montrer tolérant devant un tel spectacle bis asiatique qui se justifie par le décalage culturel, ça fait tout de même un peu plus bizarre aux USA, surtout avec la palanquée d'acteurs minables qu'ils ont réussi à trouver sur place. Et je pense comme mes collègues que c'est dans cette jonction cinématographique mal-foutue que le film en devient en partie nanar. Ça, et bien entendu la mulette atomique inégalable de Jerry Trimble, dont le surjeu endiablé est par ailleurs à la hauteur de son talent martial (le mec assure, y'a pas à tortiller). Cet acteur, assez peu connu, mériterait bien sa fiche sur Nanarland car il a vraiment beaucoup d'atouts de sympathie pour lui. A noter également le score musical qui est affreusement synthético-nullos, un splendide postiche de barbe chinoise, une coupe de cheveux rasta à la Steevy Wonder et la goujaterie de bâtard du personnage de Jet Li.
Enfin, je ne critiquerais pas vraiment la réalisation de Tsui Hark qui conserve son dynamisme bien connu sans non plus tomber dans la surenchère dont il a également le secret.
Pour les anecdotes, on peut apercevoir Billy Blanks dans un plan subliminal (pourquoi l'avoir choisi lui, alors qu'il ne lève même pas un sourcil ? Une séquence de baston aurait-elle été coupée ?). Et point très important, j'ai regardé le film en VOSTFr et il doit être assez différent de la VF. En effet, le scénario (et de nombreux gags) reposent sur le fait que les personnages ne parlent pas la même langue. Ainsi, Jet Li et son maître ne parlent pas Anglais et se retrouvent souvent dans des quiproquos que la VF zappe complètement, donnant le don de lange française à tous les protagonistes. On a même une longue séquence hahaha entre Jet Li et le chauffeur de taxi, l'un parlant Cantonnais et l'autre Mandarin, avec donc une incompréhension mutuelle qui entraine un changement complet des dialogues en Français.