Difficile de trouver un bon Found Footage dans le tout venant du genre depuis que le phénomène a pris une telle ampleur. Le fait est que ce dispositif de mise en scène s’est mis à pulluler suite au succès financier de Paranormal Activity, passant d’une catégorie mineur à un véritable réceptacle thématique pour cinéphile en quête de sensations fortes, si bien que ce registre bouffe désormais à tous les râteliers. Il y en a pour tous les goûts (comédie, super-héros, science-fiction, drame…) même si l’horreur reste le genre prédominant. On le décline à toutes les façons et à toutes les modes, la seule chose qui importe, c’est de pouvoir justifier son utilisation auprès d’un protagoniste témoin qui servira de relais avec le spectateur qui pourra avoir l’impression d’avoir vécu lui-même l’expérience qui se voudrait la plus immersive possible. Si ce registre s’est particulièrement développé en Occident, on peut également trouver quelques incursions dans le cinéma asiatique comme avec The Medium du réalisateur Thaïlandais Banjong Pisanthanakun à qui l’ont doit notamment le roller coaster horrifique Shutter.
Les esprits sont partout, ils nous entourent, sont présents dans les maisons, les forêts, les montagnes, les cours d’eau et mêmes les animaux, du bœuf de Kobe à la minuscule petite araignée. Certains sont bienveillants comme la divinité Ba Yan qui protège les habitants de Isan, d’autres cherchent cependant à vous tourmenter en vous refilant une chaude-pisse ou la nausée, un moins que vous n’ayez chopper la gonorrhée avec la schtroumpfette du quartier, auquel cas les antibiotiques seront plus recommandés. Pour toute maladie d’ordre surnaturel, une chamane peut vous aider à conjurer la malédiction ou le mauvais sort avec un peu d’encens, quelques prières, et le rituel de l’oeuf pour purifier vos chakras. Evidemment il faudra éviter de vous faire une omelette avec sans quoi vous vomirez vos intestins. The Medium introduit cette profession marginalisé par le prisme cartésien, comme un faux documentaire très stylisé plus que comme un simple found-footage mal filmés même si le récit en cochera très vite toutes les cases après une lente exposition dépeignant le quotidien d’une disciple mêlée à une histoire de conflit familial et d’héritage chamanique trop lourd à porter pour sa nièce qui montrera les premiers signes d’une possession.
Ce qui pourrait d’abord être perçu comme une banale crise d’adolescence ou une attitude lunatique va effectivement faire tilter la médium de la famille qui ne croit pas que le comportement irascible de Ming et son appétit insatiable pour la levrette avec ses collègues de travail soit dût au choix arbitraire de Ba Yan d’en faire une nouvelle disciple mais plutôt la manifestation d’une ou plusieurs entités malveillantes inhérent au rejet spirituelle de sa sœur qui refusa autrefois d’assumer son statut d’élu. Ainsi, Nim aurait été pourvu de pouvoirs d’ordre divin suite à la défection de cette dernière ce qui explique leurs rapports conflictuelles. Là où l’histoire devient très intéressante ce n’est pas dans son schématisme convenu entre les crises de démence de plus en plus violentes et les tentatives infructueuses ou avortés d’exorcisme par un charlatan, mais bien dans les interactions entre les protagonistes au par ailleurs très bien caractérisés. Plus Min va chercher à creuser les origines du mal, plus elle sera en proie aux doutes existentielles, notamment sur sa quête ou sur le bien fondé de ses dons comme l’attestera son ultime témoignage autrement plus effrayant que certains effets un brin racoleur.
Il est donc aussi question de croyance et de méditation sur la foi même si le réalisateur ne pourra pas s’empêcher de faire dans la surabondance de jump-scare et de quelques comportements irrationnelles qui auront le don d'énerver certains. Même quant la situation devient hostile, il importe toujours au caméraman de filmer comme si sa vie en dépendait afin de nous abreuver d'images terrifiantes histoire de nous convainque que tout ceci est bien vrai. On aura l’amère impression de revoir certaines séquences de Rec, Gonjiam Haunted Asylum et autres à la sauce Nuoc-Mam jusqu’à flirter maladroitement avec le grotesque… On ne pourra pas s’empêcher de faire la comparaison avec le génialissime The Srangers de Na Hong Jin qui produit d’ailleurs ce long-métrage et qui traitait du même folklore avec un peu plus de retenue et de sobriété ce qui ne l’empêchait pas se montrer parfois terrifiant. On ira pas non plus jusqu’à dégobiller sur la soutane du maître de cérémonie d’autant que le rituel chamanique final abouti à une apocalypse cauchemardesque dans un vieux building abandonnée bien glauque à souhait même si cette volonté affiché à vouloir capter la terreur et l'effroi partout à la fois en s'emballant à l'image de la caméra ne finira que par susciter un bref embarras. Même si la scène du brave toutou ébouillanté vivant qui aboie désespérément aura le mérite de glacer le sang des activistes de la SPA.
T'es nostalgique du Projet Blair Witch, t'aimais bien mater des VHS sur ta télé carrée ? Tu regrettes le numérique dégueu des années 2000 ? Tu voulais du rab de Found footage ? Eh bien rends-toi sur L’Écran Barge où tu pourras bouffer de la bande magnétique par tous les pores de ton corps jusqu'à t'en dégoûter définitivement.