Bon, ça passe un peu mieux à la révision, mais je suis toujours fasciné par l'hallucination collective à propos de ce film sur la grande toile où certains le mettent au niveau des meilleurs réalisations de Stephen Chow. On y retrouve certes la plupart de ses thématiques, avec un milliardaire ayant perdu ses racines et qui va les retrouver au contact d'une sirène au charme "nature" et démodé chargée à la base de l'assassiner à l'aide de ses amis... Mais ce qui constituait la force de Stephen Chow, ses ruptures de ton, tombe le plus souvent à plat, provoquant davantage des sourires forcés que de franches rigolades en mode WTF (je retiens à la limite les séquences dans le commissariat et la tentative ratée d'assassinat mais ça reste gentillet), le meilleur se trouvant déjà dans le trailer, le montage étant finalement mieux foutu que le film lui-même.
Par contre, là où je ne l'attendais pas au tournant, c'est cette histoire d'amour tirée par les cheveux qui parvient à être touchante (le déclic arrivant avec l'interprétation sympathique, en tandem, d'une chanson populaire du cinoche chinois), mais c'est bien peu face aux nombreux soucis de rythme du film et au manque de personnalité et de mordant de l'entreprise. Un sentiment qui se prolonge jusqu'à la réalisation bling bling (on comprend que ça joue avec le monde artificiel dans lequel sont plongés l'ensemble des personnages, mais alors pourquoi les couleurs sont aussi flashy du côté des sirènes ?) qui me fait regretter ces temps où avec trois bouts de ficelle, Stephen Chow parvenait à composer des séquences non-sensiques tout proprement hilarantes, alors que là ça paraît juste, le plus souvent, grossier et à côté de la plaque (pour relativiser un peu, les CGI sont tout à fait corrects par rapport à ce que nous propose la Chine habituellement, même si on pouvait se passer des séquences de tremplin prévus pour la 3D).
Bref, j'espère que Stephen Chow ne reposera pas trop sur ses lauriers (il s'agit quand même d'un des plus gros blockbusters chinois à ce jour), et qu'il reviendra nous proposer quelque chose du même niveau que le divertissement efficace Journey to the west, sans forcément lui demander de retourner à ce qu'il faisait avant Shaolin Soccer qui incarne, pour tous les amoureux du ciné HK dont je fais parti, tout simplement sa meilleure période comme pour de très nombreux cinéastes de l'ancienne colonie anglaise. Quant à elle, The Mermaid est tout simplement une oeuvre fadasse et sans prise de risques dont je sauverais à peine le charme des deux acteurs principaux, et un message écolo qui finit par dépasser le stade de la fable pour nous offrir, avec surprise, des moments assez glauques, mais bon sur le fond ça ouvre des portes ouvertes comme jamais.