La vie, la mort, les copains...
Un groupe de cinq gars avec des flingues doit protéger leur boss Mr. Leung d'une série d'assassinats le visant. Il y a une bonne ambiance au sein du groupe.
C'est viril, c'est à l'ancienne, comme un Melville qui serait fun. On peut aussi penser à "Sonatine" de Kitano. Il y a une brève scène d'introduction pour chaque personnage, puis la scène de l'attentat manqué contre le parrain, dans le restaurant Super Bowl. Puis les gars se retrouvent ensemble autour d'une table et on leur annonce leur boulot de bodyguard, le temps qu'on trouve qui est derrière tout ça.
Très vite, ils s'ennuient. Puis ils trouvent des moyens de tuer le temps : partie de foot avec une boulette en papier, blagounette avec des cigarettes qui scintillent, petites discussions le temps d'une attente.
Il y a plusieurs scènes d'anthologie, comme celle de la fusillade dans le centre commercial, où chacun devient immobile, le bras tendu, comme un mannequin, jusqu'au shoot-out final. Il y a aussi pas mal de mises à mort à la Hong-kongaise, comme ce gars qu'on entoure d'une bâche et qu'on enferme 10 minutes dans un camion de livraison, pour voir s'il tiendra ; ce volet métallique de restaurant qui bouge parce qu'un gars à la gorge tranchée est en train d'agoniser dedans. Ces tas de cacaouettes que le gros s'enfourne nonchalamment ; cette longue scène où les deux voitures sont bloquées dans une ruelle, et où le jeune Shin fait ses armes ; cet entrepôt pris d'assaut, où le sniper décide de se rendre quand il est impressionné par la détermination du gars blond ; ce long dénouement où l'on craint que Shin ne se fasse buter par ses potes parce que le bruit court (à tort) qu'il a couché avec la femme du boss.
Toutes ces petites scènes nonchalantes, chaleureuses, font l'originalité de ce film au scénario tranquillou, sans grande surprise, et aux scènes de combat tantôt truculentes, tantôt réalistes. Johnny To continue ici son ode à Hong Kong et à ses triades aux traditions si particulières.
Au niveau formel, le montage et le découpage sont très soignés, c'est un véritable bonheur. La musique, agaçante et couillonne, gâche un peu l'ensemble, mais bon.
J'avais un peu peur, car l'argument me semblait un peu maigre, mais c'est un très bon Johnny To, décontracté, viril et avec de l'humour.