Alors qu'il tourne depuis déjà une vingtaine d'années, Johnnie To met en scène en 1999 The Mission, où il est question de vengeance d'un chef de triade suite à une tentative d’assassinat le visant.
Le futur réalisateur de la remarquable saga Election se lance ici dans un polar dynamique et sous tension, où il ne perd que peu de temps pour mettre en place l'intrigue après une brève présentation des personnages. Il sait les rendre intéressant, détaillant de manière méticuleuse leur quotidien et façon de faire (ce qui marque une cassure par rapport aux chaos ambiant régnant chez Tsui Hark), tout en laissant planer une certaine gravité, et intensité, sur les enjeux, notamment les moments à venir et le calme avant la tempête.
Pourtant, le scénario n'est pas forcément irréprochable, du moins il n'est pas inoubliable, mais ce n'est guère préjudiciable tant c'est l'aspect esthétique et la mise en scène de To qui prédominent ici. Il le montre dès la séquence d'ouverture avec une caméra plongeant magnifiquement dans les rues de Hong Kong et propose plusieurs moments mémorables, où la ville devient d'ailleurs un personnage à part entière, il montre une parfaite maîtrise de divers éléments tels que l'espace ou le rythme, ici très rapide.
Sa réalisation est l'un de ses principaux atouts, sublimant les séquences d'actions, à l'image de la géniale au centre commercial, tout en appuyant bien sur les différences et potentiels conflits au sein du groupe de protagoniste. Alors, forcément, lorsque To se lance dans la narration pure, l'oeuvre s’essouffle un peu, notamment durant la dernière partie. Si on peut douter des choix musicaux accompagnant le film, ce n'est pas le cas des comédiens, tous ici assez bons et sachant apporter une caractéristique précise à leur personnage.
Si The Mission est perfectible sur certains points, l'oeuvre n'en reste pas moins mémorable par sa classe et la maîtrise globale de Johnnie To, sublimant notamment les séquences d'actions tout en sachant se montre minutieux.