Mal soutenu à sa sortie sur les écrans de cinéma par une critique (française en particulier) pour qui Darabont est avant tout le réalisateur des Evadés, à l'immense popularité mondiale (sauf en France !), The Mist est pourtant, en dépit de son air de téléfilm de série B et ses effets spéciaux fauchés rendant les "scènes de monstres" plus caricaturales qu'effrayantes, une réussite presque totale.
Comme dans tous les meilleurs livres de Stephen King, nous ne sommes pas réellement intéressés par cette histoire de monstres surgis d'une autre dimension (et nous n'avons donc pas besoin d'en savoir davantage, ce qui est bien...), mais plutôt saisis par cette peinture très pessimiste d'une humanité fragile, qui fait systématiquement les mauvais choix, une fois les garde-fous de la société disparus.
The Mist est donc avant tout un pamphlet sans concessions contre les dérives religieuses de l'Amérique profonde, des fondamentalistes chrétiens et du "régime de la peur" qu'ils prônent : tout cela est évidemment plus terrifiant que les créatures médiocrement lovecraftiennes qui peuplent le brouillard !
Voici, qui plus est, un script - écrit par Darabont, félicitons-le ! - qui ne ménage jamais son spectateur, et l'enterre même définitivement avec l'une des conclusions les plus brutales que l'on ait pu voir dans un film américain grand public depuis des lustres. Stephen King a lui-même reconnu qu'il n'aurait jamais "osé" une telle fin... On sort de The Mist littéralement sonnés, et ce d'autant plus qu'on n'avait rien vu venir.
[Critique écrite en 2024, à partir de notes prises en 2008 et 2012]