Je sors de Monkey 2025, adaptation du roman de Stephen King, et j’ai encore du mal à comprendre ce que je viens de regarder. Un film qui se vend comme du comédie-horreur, qui coche quelques cases du genre, mais qui au final ne raconte strictement rien.
Stephen King sait écrire des personnages, il sait créer une tension, il sait faire naître l’horreur dans des situations où l’on se dit « Bon, là, je ne suis pas serein ». Mais ici ? On nous balance un singe mécanique possédé, un concept qui a du potentiel, et on le transforme en accessoire de comédie absurde. Alors, oui, il y a des gags vraiment bien sentis, oui, on sourit parfois, mais où est la menace ? Où est l’angoisse ? Où est l’enjeu ?
Le problème principal de "Monkey", c’est que son antagoniste n’en est pas un. Ni le singe, ni le "frère jumeau méchant". Ce singe mécanique, censé être au cœur du cauchemar, est au final un gadget qu’on active de temps en temps pour justifier quelques morts. Et encore, ces morts... On ne ressent RIEN. Aucun attachement aux personnages. Ils sont là, ils passent, ils crèvent, et on passe au suivant. À aucun moment on ne craint pour eux, à aucun moment on ne se demande qui va s’en sortir. C’est le grand vide émotionnel.
Et c’est dommage, parce qu’il y avait des pistes intéressantes à explorer. Le film aurait pu creuser les origines du jouet, qui l’a fabriqué, comment fonctionne-t-il exactement, quelles sont ses règles... Bref, lui donner une véritable existence et un vrai poids dramatique. Mais non, rien de tout ça. Le film préfère accumuler des scènes où le singe tape sur ses cymbales avec un petit rire démoniaque et des personnages qui s’agitent en arrière-plan. Aucune tentative de construire un mythe autour de lui, aucun moment où l’on sent que ce jouet est une force inéluctable. Il est là, il brille dans le noir, et c’est tout.
Et alors, niveau tension, c’est le néant. Une scène peut être absurde et effrayante en même temps, mais encore faut-il qu’elle soit construite intelligemment. Ici, on enchaîne les moments où les personnages courent dans tous les sens sans véritable impact. Le film ne sait pas sur quel pied danser : il n’est ni totalement horrifique, ni totalement comique. Il reste dans une espèce de flou où l’on ne sait jamais s’il faut rire ou avoir peur. Mais le problème, c’est que si le film lui-même ne sait pas où il va, comment peut-on le suivre ?
La réalisation, elle, est plutôt solide. Quelques plans bien fichus, des effets visuels propres, une photographie qui joue bien sur les contrastes entre les scènes humoristiques et les scènes censées être effrayantes. Mais ce n’est pas suffisant. Monkey est comme un gâteau bien décoré mais sans saveur : joli en apparence, mais insipide à l’intérieur.
Finalement, on sort du film en se demandant pourquoi il existe. Il ne nous fait ni rire aux éclats, ni frissonner d’effroi. Il se contente d’exister, de nous montrer un singe mécanique qui tape ses cymbales et des personnages qui subissent le scénario sans y participer activement. Au final, Monkey aurait pu être un excellent film s’il avait su prendre un vrai parti pris, soit en assumant totalement son absurdité comique, soit en s’enfonçant davantage dans l’horreur psychologique et le malaise. Mais là, il flotte quelque part entre les deux et finit par s’évaporer de notre mémoire aussi vite qu’il y est entré.
Bref, si vous cherchez un film de comédie-horreur bien ficelé, Monkey ne sera pas votre meilleur allié. Et si vous espérez une adaptation fidèle et terrifiante du récit de King, il faudra repasser. Parce que dans cette histoire, ce n’est pas le singe qui est possédé, mais bien le film tout entier, par une inconsistance qui l’empêche de devenir quoi que ce soit de marquant.