Eprouvant, oui, je crois que c'est le mot
Autant The Chaser m'avait paru très carré, voire ciselé, autant ce Murderer (encore un titre anglais pourri made in France...) m'a laissé une profonde impression de chaos. Dès les premières images, on nage dans un océan poisseux en compagnie d'un Sino-Coréen endetté jusqu'au pif après l'achat d'un visa pour sa femme. Depuis qu'elle est partie bosser en Corée, pas de nouvelle. C'est la merde et notre malheureux joueur de mahjong finit par accepter un contrat insensé : assassiner un gars de l'autre côté de la mer Jaune. L'occasion pour notre héros de sortir la tête du trou financièrement et de partir à la recherche de sa femme.
The Murderer est un film bordélique, contrairement à ce que son espèce de chapitrage pourrait laisser supposer. Honnêtement, il faut s'accrocher pour espérer saisir les motivations de tous les personnages. J'ai encore des doutes sur celles de la femme du professeur assassiné et celles de son banquier (pour ceux qui ont vu le film). Toujours est-il que deux groupes mafieux ennemis - ainsi que la police, particulièrement incompétente - courent après notre héros pendant deux heures alors que lui-même tente de capter quelque-chose à cette histoire qui le dépasse très largement. Les courses-poursuites et les bastons à l'arme blanche (pourquoi les mafieux n'utilisent que des couteaux et des haches ?) s'enchaînent à un rythme quasi-intenable. Ceux qui ne blairent pas la "shaky cam" et/ou les âmes sensibles à la bidoche humaine risquent de rendre leur déjeuner sur le tapis. Personnellement, je n'arrivais pas à décrocher mon regard de l'écran, hypnotisé que j'étais par ce déluge de noirceur et d'ultra-violence.
Indéniablement, ce film est foutraque et bien trop long, mais il dégage une puissance rare et possède une aura négative dévastatrice. Une véritable épreuve de cinéphile dont on ne sort pas indemne. Enfin, ça vaut le détour.