Projet atypique dans la filmographie des roman-porno, Naked Seven est l'illustration énergique des penchants iconoclastes du scénariste Atsushi Yamatoya, plus connu pour son apport sur La Marque du tueur de Seijun Suzuki et ses réalisations et scénarios pour Koji Wakamatsu Production. Sous la direction de Yasuharu Hasebe, aguerri aux pellicules d'exploitation, se déroule les alliances et luttes intestines entre paysans résistant à l'oppression d'un seigneur local. Evoquant le propos des Sept Samurais d'Akira Kurosawa, le film renvoi aussi explicitement aux Sukeban (1971-75) et autres Stray Cat Rock (1970-71) – populaires séries anarchistes centrées sur les tribulations de gangs de biker pleines de charmes. L'analogie et la transposition du concept dans un cadre médiéval constitue donc une vraie curiosité au sein d'une Nikkatsu tout sauf spécialiste du film historique (domaine privilégié de la Daiei et Toei).

Au vu des roman-porno classiques, le film fait presque office de blockbuster et procède par de nombreuses scènes en extérieur. La réalité est moins glorieuse et l'ancrage autour d'un groupuscule de résistant adepte des méthodes de guerilla forestière constitue un astucieux cache-misère. Hasebe, réalisateur principal des Stray Cat Rock, s'adapte et recourt principalement par d'énergiques caméra-portée où les solutions visuelles typiques de l'exploitation nippone 70s trouvent peu d'échos. Plus qu'une volonté de transposition historique et politique, le propos de Yamatoya s'articule et se limite autour du pouvoir révolutionnaire du sexe faible. Véritable troubles-fêtes, nos sept amazones mèneront leur quête sanglante laissant in fine sur leurs traces les cadavres des traîtres et oppresseurs. Genre oblige, le récit est parsemé de chair dénudée – offerte ou soumise – et ne lésine pas sur les possibilités offertes par son concept. Si dans un premier temps, le propos se fait résurgence d'une utopie sexuelle soixante-huitarde, la suite a tôt fait de migrer vers la désillusion et le tragique. Lutte intemporelle entre le puissant et l'opprimé mais aussi entre l'homme et la femme où le sexe constitue un rouage fondamental et tragique. Ce constat amer des rapport de force et de séduction n'en reste pas moins une pellicule d'exploitation soumises aux classiques diktats et limitations du genre ; ses abondantes scènes érotiques souvent forcées et mécaniques ; ses actrices charmantes mais limitées ; ses scènes d'action pauvres et brouillonnes et un manque d'ampleur généralisé qu'un panache pop trop timide ne peut compenser. Reste en l'état une curiosité 'historique' auquel la Nikkatsu ne donnera pas de descendance.
Gewurztraminer
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le 28 mars 2011

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