Mike,jeune italo-américain de Brooklyn doué pour la photo,effectue des transports illégaux pour le compte du caïd du quartier afin de payer ses études,au grand dam de son père,ancien éboueur et honnête citoyen.Le garçon entame une double vie,se partageant entre sa formation auprès du prof photographe qu'il admire et son amour naissant pour une camarade étudiante issue de la bourgeoisie pour la face présentable de sa vie,et ses menus travaux de petite main de la mafia pour la face sombre.De quel côté finira-t-il par basculer?Parviendra-t-il à échapper au déterminisme social et à la mauvaise influence de son environnement originel?Ce genre d'histoire a déjà été traité,et en mieux,chez Scorsese par exemple,et le sujet rappelle fort celui du premier film réalisé par Robert de Niro,"Il était une fois le Bronx".Ici,évidemment,c'est décliné en mode mineur et on ne retrouve pas la puissance de ces prestigieuses références."The Narrows" est trop lent,trop long,et échoue à trouver un ton par manque de force,bien qu'il essaie un peu tout.Pas assez cynique,pas assez tragique,pas assez comique,pas assez folklorique,il manque toujours quelque chose pour atteindre la note supérieure.Pourtant,étrangement,sur la longueur,on finit par entrer dans l'histoire à mesure que les drames s'accumulent et obligent le héros à affronter ses contradictions,à prendre ses responsabilités et à se salir les mains.La fin du film réserve même quelques rebondissements surprenants et bien amenés.Le mérite en revient au script de la productrice et scénariste Tatiana Blackington,lui-même tiré d'un roman de Tim Mc Loughlin.Le plus étonnant dans "The Narrows" est qu'il est réalisé par le français François Velle.Il est le fils de Louis Velle et Frédérique Hébrard,et est entré dans la carrière en travaillant sur les feuilletons de papa-maman.A priori,le keum a donc le pedigree du pistonné,du veau sous la mère,du baltringue sponsorisé par sa famille.Il a tenté l'aventure du long-métrage ciné en 97 avec "Comme des rois",qui est passé totalement inaperçu.Puis bizarrement,au début des années 2000,il s'est exilé aux Etats-Unis,où il a réalisé deux films,dont celui-ci,qui n'ont connu aucun succès.Depuis,il est revenu tourner des épisodes de séries en France.Ce second essai américain,après avoir été présenté dans quelques festivals,ne connaîtra qu'une exploitation vidéo.D'un tel individu,on pourrait s'attendre à une catastrophe mémorable,mais finalement Velle ne s'en tire pas si mal.Certes,il n'y a pas de miracle non plus,c'est filmé sans inspiration et les rares scènes d'action sont loupées et bâclées.Mais le cinéaste parvient à assurer une narration claire, gère correctement les scènes de dialogues,par ailleurs bien écrites,et sa direction d'acteurs est solide.Quant à la distribution,qui comprend de nombreux acteurs issus de séries télé,elle est à la fois inégale et hétéroclite.Le choix du faiblard Kevin Zegers pour le rôle principal n'est pas très heureux.Comédien fort moyen,dépourvu de présence et de charisme,il n'a en outre pas du tout un physique d'italien.Ses deux copines,la brune Sophia Bush et la blonde Monica Keena,sont bien jolies mais aussi bien médiocres actrices.Par contre,Eddie Cahill,vu en flic dans "Les experts:Manhattan",imprime avec talent la pellicule en star déchue du foot américain,revenu amoché physiquement et mentalement de son passage dans l'armée en Afghanistan.On note parmi les troisièmes couteaux les apparitions de quelques belles trognes de gangsters ritals,mais ce qui tire ce casting vers le haut est le duel de géants que se livrent Vincent d'Onofrio,père noble plus malin qu'il n'en a l'air,et Titus Welliver,impérial en caïd impitoyable d'une terrifiante froideur.La bande-son est rehaussée par l'utilisation de nombreux titres des Black Keys.