Les femmes mortes

Elles tombent à la pelle, les femmes mortes, beautés fascinantes mais dont les âmes ne sont déjà plus.

La dureté d’un monde qui scintille aux yeux de tant de filles élevées dans le culte de la beauté, avec un grand B, bouches bées, béantes et bêtes mais pas si béates.

Je n’aime pas tout de Rfen, ne me parlez pas de Valhalla Rising, j’éprouve des sentiments mitigés, pas mal de choses peuvent m’exaspérer en lui, m’ennuyer. Quoiqu’il en soit, The neon demon est très beau, la forme est flamboyante, clinquante, kitsch assurément, c’est assumé, et le fond n’est pas si creux que certains le prétendent.

On a mal pour Refn, ces filles perdues, c’est son sort, mais il veut s’en sortir, et il est sur la bonne voie. Ce besoin d’être vu, d’être au centre, cette volonté de conquérir le Graal, de devenir quelqu’un et en même temps, sauf erreur d’interprétation de ma part, Refn se moque de lui-même, NRW !!!, faut pas s’énerver dessus, c’est à prendre au second degré, je trouve que c’est bon signe, Refn va mieux, ce film fait partie de sa psychothérapie, le bout du tunnel est en vue, peut-être, même s’il y a encore quelques obstacles.

La lumière est en vue, et les miroirs sont omniprésents. Ce n’est pas un hasard, il faudrait les briser, mais il faut y croire, se mentir encore un peu, ce n’est pas si déplaisant, et il faut bien s’accrocher à quelque chose. Car notre regard n’est pas celui des autres, il n’est pas cruel, on peut encore lui octroyer de la douceur, face à un monde sans pitié.

Le hic, c’est quand l’espérance se transforme en désespoir, et dans ce film, ce sont les femmes qui souffrent le plus, ces femmes objets, soumises au culte de leur corps, face à des hommes frustrés qui utilisent ces corps pour en profiter et parfois en abuser. On pense ici au photographe du film, qui ne peut ne pas nous rappeler ce que l’on raconte sur feu Helmut Newton.

Des filles flippantes qui ne mangent rien, sinon leur jalousie, leur ressentiment de ne pas être ce qu’elles voudraient, ou en tout cas ce qu’on a inculqué dans leur esprit… En ce sens, ce sont bel et bien des femmes mortes. Paix à leur âme.