Que la trilogie Pusher, et même Drive sont loins. La seule chose qui trahit la patte Refn dans The Neon Demon, c'est finalement la forme: une photographie toujours plus imprégnée d'un bleu électrique ou d'un rouge assassin et des ralentis roi du silence. Finis les règlements de compte ultra-violents pour une poignée de neige, l'entrée dans le monde de la mode apporte avec lui de nouveaux enjeux et c'est là que le bas blesse, un peu.


En effet, apparemment bien trop obsédé par l'image, la couleur, le montage, Refn ne fait qu'amplifier le vide inhérent au thème de son film. Le monde qu'il décrit (ou du moins les personnages qui l'animent) est basé sur un ensemble de clichés, de standards qu'il ne fait finalement que retranscrire, avec classe certes, mais sans donner aucune consistance au matériau, sans l'exploiter, en posant encore et toujours un placo cache-misère de très haute volée.


Les scènes s'enchainent ainsi, ou plutôt s'accumulent en formant ce qui est peut-être la toile la plus décousue du réalisateur. On relève en effet bon nombre de segments qui ne se servent qu'eux-mêmes sans apporter quoi que ce soit (d'évident) à la trame principale du métrage (toute la scène du défilé par exemple).


Plus de brise-phalanges au marteau ou de chassés dans le crâne certes mais deux heures qui laissent place au lent développement d'une violence si inouïe qu'elle en devient absurde, allons même jusqu'à dire drôle. Drôle, oui, car s'il y a bien quelque chose de perturbant dans The Neon Demon, c'est le glissement d'humour qui s'y opère. On rira d'abord pour des dialogues ou une situation en se pinçant légèrement les lèvres devant des scènes d'une violence réaliste avant de se retrouver face à des dialogues froids et des situations angoissantes superposés à une violence quasi-burlesque.


Que ceux qui ont apprécié l'évolution de Refn se rassurent, ce film s'inscrit tout de même dans la lignée de Only God Forgives tout en marquant un virage dans la filmographie du réalisateur et propose grâce à une bande son croustillante de pures moments de plaisir sensoriel, à croire qu'un bon placo incrusté de gaz noble vaut aussi bien qu'un mur de vieilles pierres.


Quant à ceux qui ne sont pas copain-copain avec Nicolas, allez-y très prudemment.

Deleuze
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le 23 mai 2016

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Deleuze

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