On l'attendait tous.
Un nouveau NWR est, en tout cas pour la majorité depuis Bronson, l'occasion de courir en salles obscures. Déjà dans une démarche très esthétisée et dans la maîtrise de la mise en scène et d'une narration singulière, que pouvait apporter ce nouveau film ?
Sans se le cacher, ma réponse en sortant de la séance est la suivante : TOUT !
Tout est plus fort, tout est plus beau que dans les oeuvres précédentes. Et en cela tient justement l'essence même du film.


Ce film est une vraie bombe. L'image est travaillée de manière ahurissante. Refn trouve des saturations de couleurs et des cadres d'une beauté rare, sincère et d'une haute valeur artistique. Mais tout ceci est une évolution digne de ses habitudes.
Le travail de Cliff Martinez est un bijou. La musique est hypnotique et nous entraîne à pieds-joint dans l'univers du récit. Il se dégage de l'ensemble image/son une véritable cohérence, quelque chose de très fort qui reste gravé dans l'esprit. Je pense que même si l'on adhère pas à The Neon Demon sur le fond, la forme est en tout cas un tour de force cinématographique indiscutable.
Quant au fond, Refn tire les leçons d'un Only God Forgives plus difficile à décoder pour étoffer et simplifier la symbolique des thèmes qu'il aborde.
[SPOiLS]
La mode est un prétexte à soulever des sujets profonds en chacun de nous. Notre amour du beau, et donc sa subjectivité. Mais aussi notre amour de nous même, de l'image que l'on véhicule aux autres. Dans le film Jesse qui prend progressivement conscience de son pouvoir et de l'envie qu'elle suscite chez les autres mannequins, passera de jeune fille timide à femme fatale. NWR usera de symboles et de scènes saturées de miroirs pour représenter les mutations de son personnage principal : cette scène du défilé (ellipsé...) où Jesse rencontre le miroir de son ego démoniaque, qui va prendre possession de son âme pure afin qu'il ne reste que le pouvoir de l'apparence. Le personnage de Refn prend confiance en sa singularité et choisis de l'assumer complètement, jusque dans la folie.
Cette folie qui poussera dans la convoitise la plus dangereuse tous les personnages proches de Jesse, allant jusqu'à vouloir lui voler cette aura qu'elle dégage, ce pouvoir sur le monde. Le réalisateur débridera d'ailleurs toutes les tentatives, puisque les rivales d'Elle Fanning ou les personnes qui sont sous son emprise essaieront littéralement d'ingérer ce Neon Demon : afin de s'approprier ce don si rare de capter l'attention de leur prochain, d'avoir le sentiment d'être unique et important.


Apres OGF, Refn réussi le pari de rétablir la cohérence dans son imagerie. Des métaphores complexes à l'écran, mais mieux ressenties. Les influences de A.Jodorowsky sont moins de la trempe du "fan-club", plus maîtrisées et délicatement introduites dans le récit. Le film laisse la part belle à l'émotion, aux sensations brutes.


C'est un exercice critique sur une société basée sur l'apparence. Une société qui a du mal à s'assumer dans cette direction. The Neon Demon est aussi un véritable hommage aux femmes. Leur pouvoir sur le monde, sur les hommes. Mais également un questionnement violent sur ce monde superficiel : juqu'où peut-on avancer dans notre société sans tomber dans le narcissisme, sans être possédé par le Neon Demon... le sens disparaîtra-t-il un jour complètement derrière les apparences ?


Le film de Refn le plus abouti et sûrement un des meilleurs longs-métrages de cette année. À voir et revoir afin d'en savourer toutes les subtilités !!

WillRuchaud
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le 28 juin 2016

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WillRuchaud

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