Lynch is here, dans toute sa splendeur !
Twin Peaks est un vrai plaisir, une série bien à part dans le paysage des productions à rallonges étasuniennes. Tout dans ce village bizarre à souhait n'est que flottement, étrangeté et ambigüité. Il y règne une ambiance voilée, d'un autre temps. Chaque personnage récurent de la série est une vraie caricature, un vrai phénomène de foire au service de la question qui brûle les lèvres de tous : "mais qui donc, bordel, à tué cette pauvre Laura Palmer ?!"
Connaissant bien la filmo de David Lynch, on peut dire d'entrée qu'on est baigné dans son univers. Une musique de l'espace, cette luminosité scintillante, ces personnages à la fois envoutant et dérangeant, ces visages torturés par des rôles surjoués juste ce qu'il faut. Il a cette capacité, comme les Cohen, de rendre des situations tragiques et inimaginables cruellement drôles, jonglant perpétuellement entre le pathos et l'affection du téléspectateur pour les personnages du récit.
Laura est un prétexte, la première page d'un livre ouvert sur "la vie à la campagne" : ces petits villages tranquilles de nulle part, où tout le monde connaît son voisin et le trahis dès que l'occasion se présente. Magouilles de premières, adultère, crise d'adolescence... on est à Twin Peaks. Mais on pourrait être aussi bien chez soi. La grande force du récit réside dans sa faculté à nous ressembler, et en même temps à afficher d'une façon tout à fait délicieuse nos impairs les plus communs.
Les dialogues, les situations anecdotiques multiples, et les nombreux malaises qu'on retrouve dans chaque épisodes sont autant de moments de délire total, de foutage de gueule d'une classe immense ! Je me délecte de ces quiproquos et de ces rôles complètement loufoques. Chaque acteur semble donner corps à son personnage.
C'est juste du génie, à la fois d'une grande subtilité et en même temps un vrai crachat au visage de la sitcom à deux balles vendue à la pelle dans les années '90 ! Un régal.