C'était fascinant. Une lecture très imagée du milieu du mannequinat.


Jesse, adolescente orpheline (jouée par une Ellle Fanning fort bien choisie, c'est qu'elle a grandi la petite) tente sa chance dans ce secteur, convaincue que sa beauté est sa seule qualité exploitable. Aidée par un jeune photographe elle est vite remarquée par une agence, qui la signe, mais s'attire aussi inévitablement la jalousie des autres.


Le film est bourré de scènes symboliques, comme souvent avec Nicolas Winding Refn. À plusieurs reprises ceux-ci tournent autour de la perte de l'innocence (Jesse toute vêtue de blanc qui se blesse en voulant consoler une consœur malheureuse, ensanglantant sa peau presque aussi claire que sa robe).


Autour d'elle gravitent des filles superficielles et cyniques, blasées par le métier, charcutées de tous les côtés par leur chirurgien esthétique, toutes formatées (littéralement, c'est sans doute fait exprès mais il est assez difficile de les distinguer les unes des autres durant tout le film) ; des photographes et stylistes capricieux auxquels tout le monde est soumis ; un gérant de motel cachant à peine ses motivations perverses ; et pour finir un photographe amateur qui lui ouvrira la voie vers ce monde.


Je retrouve aussi ici avec grand plaisir Jena Malone, que je ne pourrais plus jamais regarder comme avant: celle qui fut parmi mes crush de jeune pubère s'abandonne ici totalement dans son personnage de maquilleuse protectrice mais finalement guère différente de tous ceux qui convoitent l'innocente Jesse. Elle casse complètement son image à travers deux scènes qui se passent de commentaires


nécrophilie et déjection ensanglantée inside


Les connotations sexuelles sont omniprésentes: dans la scène de la boite de nuit au tout début mais aussi celle du défilé sur fond noir surréaliste où la belle perd symboliquement son âme, prenant cette fois pleinement conscience des atouts qu'elle possède face aux autres et rompant avec la naïveté qu'elle affichait jusque là. A l'image d'une Ève découvrant le fruit défendu et y prenant goût, ce passage altère sa façon d'être, devenant très sûre d'elle voire carrément hautaine.


Je retiens aussi une scène de cauchemar suivi d'un réveil tout aussi sordide au motel, atteignant des sommets de glauque parmi ce qui se fait de plus perturbant (Tetsuo 2 n'est pas loin). Ce passage sonne d'ailleurs une escalade dans la violence à la fois visuelle et narrative du film. Le pire étant pour moi ce moment où l'on nous explique verbalement le sort réservé à un personnage central de l'intrigue, c'était infiniment plus dérangeant que la vue du sang, des organes, que les longs silences et plans fixes où l'on redoute un jump-scare et pire que les successions de flash interminables (attention aux crises d’épilepsie pour les plus sensibles) dans certaines scènes.


Et comme toujours l'ambiance sonore est soignée, pleine de synthés bien 80's comme d'habitude avec Refn (qui collabore une nouvelle fois avec Cliff Martinez, déjà derrière la B.O. mémorable de Drive). Pas de "chansons" vraiment marquantes, si ce n'est le générique final par Sia en revanche.


Clairement pas son meilleur film mais très intéressant.

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